"La fin du monde tous les 2 jours"

Un film dans la lignée de "La Nuée" : nanar, incohérent, gratuit (voir ma critique sur "La Nuée").

Ici, on dépeint des personnages qui semblent toujours énervés, les uns contre les autres. Ce que j'appellerai l'archétype du "connard individualiste". On retrouvera cela d'ailleurs chez les figurants, qui fonctionnent telle une meute informe, et qui ne semblent ne se préoccuper de personne (ce qui n'est pas très réaliste, l'être humain étant plus enclin à aider son prochain dans des situations de panique). Mais le film nous fera entrapercevoir quelques entraides entre certains personnages, comme pour nous laisser un éclair d'optimisme dans son message.

Mais c'est aussi le sujet du film, les problématiques de cohésions sociales. Just Philippot le dit lui-même, c'est un film social avant d'être un film catastrophe (à peu de chose près). Dans "La Nuée", le propos sur l'agriculture était plutôt intelligent, soit. Mais ici, cela semble bien moins justifiable, et on a du mal à voir le propos social dans ces différentes situations. Même la scène d'intro de syndiqués qui veulent en découdre avec leur patron et les CRS me parait hors de propos. Et on tente d'intriquer ces deux sujets dans un même film, sans vraiment chercher à en joindre les deux bouts. Et on nous ressortira certaines thématiques (comme dans "La Nuée"), abordés de manière assez ridicule, comme le harcèlement scolaire.

Niveau casting, pas totalement convaincu par Astérix, Suliane Brahim réussissait bien mieux à donner du corps à "La Nuée", à mon goût (qui a d'ailleurs un petit rôle ici).

Maintenant vient aussi la question du réalisme de ces pluies d'acide... ou pas ? La manière dont les pluies surviennent n'est pas très cohérente à plusieurs égards. Déjà on sait qu'elles vont survenir, mais tous les personnages semblent ne s'y prendre qu'au dernier moment. Ensuite, les pluies sont intenses d'un seul coup sans raison. Après pour ce qui est des effets visuels, les gouttes de fumées peuvent paraître un peu facile, et j'avoue avoir trouvé cela pas très réaliste.

On pourrait apprécier l'absence de plans clichés de films catastrophes, où l'on voit les monuments du monde entier être détruits, mais j'aurais presque envie de retirer mon avis sur ce sujet, car je trouve que le film manque de mise en contexte. On y suit surtout un père et sa fille qui essaie de s'enfuir vers quelque part, sans trop de calcul de ce qu'il se passe autour.

Dans le genre catastrophe, je recommande plutôt "En plein feu" cette année, qui réussissait bien mieux à gérer sa tension, et à mieux l'amener, tout en étant plus réaliste (en tout cas dans sa première partie).

Mais je vais revenir au plus gros problème du film à mon goût : l'absence de continuité et de cohérence. On nous balarde les personnages dans des situations invraisemblables, qui ferait presque rappeler le concept de "Destination Finale", sauf que la mort serait jouée par le réalisateur lui-même (la comparaison est probablement hors-sujet, je le conçois).

Je vais maintenant divulgâcher quelques moments-clés du film pour appuyer les nombreuses incohérences.

Et c'est dommage, je pense qu'il y avait moyen de faire un film avec un peu plus de pertinence. Notamment quand la famille se retrouve dans une salle des fêtes et qu'on voit qu'un anniversaire s'est arrêté à un instant T, ça donne quelque chose de mélancolique. Un peu à la manière d'un The Last of Us, qui jouait avec cette nostalgie de l'ancien monde. Mais ici ça fonctionne moins bien, et ce n'est pas vraiment quelque chose qui est utilisé. Mais bon, la "fin du monde" ne vient que d'intervenir ici.

Bref, encore une fois déçu par cette proposition, la situation est encore une fois invraisemblable, et est d'autant moins pertinente dans son approche que "La Nuée". Ne nous reste quelques scènes plus ou moins tendues, mais ici la tension semble bien moins amenée, et semble systématiquement forcée.

A défaut d'avoir "la fin du monde tous les 2 jours" (sic), Just Philippot nous la propose tous les 2 ans.

(Vu le 23 septembre 2023)

On en parle dans le Ciné-florg #54