Adieu les cons, réalisé par et avec Albert Dupontel, est une tragicomédie qui aborde des thèmes sérieux – la maladie, l'abandon, l'absurdité administrative – avec une énergie et un sens du grotesque caractéristiques de son auteur. Le film suit Suze Trappet (Virginie Efira), coiffeuse condamnée par la maladie, qui se lance à la recherche de l'enfant qu'elle a été forcée d'abandonner à l'adolescence. Sa quête improbable la mène à croiser le chemin de JB (Albert Dupontel), un quinquagénaire en plein burn-out, et de M. Blin (Nicolas Marié), un archiviste aveugle et enthousiaste.
Les Points Forts (Ce qui justifie le 7/10) :
Le Trio d'Acteurs : La grande force du film réside dans l'alchimie entre Virginie Efira, Albert Dupontel et Nicolas Marié. Nicolas Marié (César du meilleur acteur dans un second rôle amplement mérité) est une révélation d'humour et de tendresse dans le rôle de l'archiviste aveugle, apportant une bouffée d'air loufoque. Efira est à la fois poignante et déterminée, tandis que Dupontel incarne son anti-héros habituel, attachant dans sa maladresse.
L'Humour Absurde et Satirique : Le film réussit à dénoncer la froideur du système, la bureaucratie et l'entreprise moderne (à travers la mésaventure de JB) avec une verve comique souvent grinçante mais jamais gratuite. Les situations sont à la fois burlesques et révélatrices de l'absurdité du monde.
Le Rythme et la Mise en Scène : Le film est rythmé, presque frénétique, et Dupontel utilise un montage et une mise en scène dynamiques qui servent son propos de course contre la montre. Les scènes d'action sont inventives et contribuent à l'aspect de conte moderne.
Les Réserves (Ce qui empêche une note plus haute) :
Une Esthétique Parfois Poussiéreuse : Le style visuel de Dupontel, avec sa colorimétrie très jaune/sépia et son ambiance saturée, rappelle fortement l'univers de Jean-Pierre Jeunet. Si cela crée une identité visuelle forte, elle peut paraître un peu datée ou redondante pour certains, et parfois même désagréable.
Des Thèmes Récurrents : Le cinéma de Dupontel tourne toujours autour de la marginalité, de l'entraide comme seul rempart contre la folie du monde, et de la figure de l'homme ostracisé. Pour son septième film, le pessimisme et les motifs de l'auteur peuvent commencer à devenir un peu prévisibles et fatigants pour le spectateur régulier.
Le Traitement de la Romance : L'ébauche de relation entre Suze et JB n'a pas vraiment le temps de se développer. Elle sert surtout de moteur émotionnel de dernière minute, mais manque de crédibilité ou de profondeur, laissant l'impression d'un ajout un peu facile à une histoire déjà très chargée.
En conclusion : Adieu les cons est un film généreux, plein d'entrain et d'humanité sous sa carapace de fable noire. C'est un grand spectacle burlesque et tendre. Bien que la mise en scène et les thèmes n'apportent pas un renouvellement radical dans la filmographie d'Albert Dupontel, il excelle à orchestrer le chaos et l'émotion. C'est une œuvre qui fait du bien par son énergie et l'attachement que l'on développe pour ses marginaux.