Aïe. Je savais ce à quoi j'allais m'exposer : la nostalgie d'anar de droite d'Edouard Baer, célébrant l'amitié à l'ancienne, les bonnes bouffes à l'ancienne et le fameux "droit à importuner". Mais Edouard Baer, c'est notre péché mignon depuis toujours, on le sait : toujours drôle quand il s'agit de happenings, jamais convaincant lorsqu'il s'engage du début à la fin. On ne sait jamais dire dans quoi on l'a vue, mais il nous fait toujours rire au Burger Quiz, aux César ou à la radio. Et, en toute sincérité, c'est déjà mieux que 90 % de la scène humoristique française.
Sauf que là, de rire il n'y a point. Tout est attendu : aucune direction d'acteurs, chacun cabotine en roue libre, enfermé dans son éternel personnage (Arditi le colérique, Le Coq le frimeur-loser, Prévot le piquant, etc.). Personnages franchement antipathiques puisque ce déjeuner n'est qu'un prétexte pour s'en foutre plein la tronche, au propre comme au figuré, sur l'air ringard du "on s'engueule mais dans le fond on s'aime sans se le dire". Si vous cherchez du fond, à part celui que le filme touche, il n'y en a pas.
Heureusement, il reste quelques beaux moments, grâce à Berroyer, Depardieu et Poelvoorde (les marginaux du groupe, évidemment). Mais la prochaine fois Edouard, contente-toi de te taper une grosse bouffe avec tes potes et éteins la caméra.
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