Ce film transpire la passion de Fabrice Du Welz. Son adoration pour le cinéma se témoigne par sa générosité dévouée envers son public : il tente, expérimente et se livre pleinement dans une œuvre plus que personnelle. Bien sûr, étant donné qu’il prend des risques, il ne réussit pas tout.


L’adoration, c’est l’amour passionné. L’amour transcendant. L’amour au-delà du temps. L’amour au-delà des frontières. L’amour de Paul pour Gloria. Paul, toujours mis en scène dans des vêtements bleus, couleur de la bienveillance. Gloria, en rouge, follement passionnante. Gloria qui va se substituer à la mère de Paul, qui va l’arracher de sa chair. Deux êtres liés par l’amour qui vont voguer vers d’autres lieux.


Le récit se construit simplement sur la forme d’un road-trip efficace, où les deux protagonistes vont faire la rencontre d’adultes de divers horizons.


L’adoration, c’est le dévouement à un culte. En l’occurrence le culte de Gloria. Le mystère, la déraison, l’extravagance, simplement la folie de Gloria fascine Paul. Tellement passionné, il veut l’aider comme il le peut. Mais l’aider n’est pas chose facile et jamais il ne pourra la ramener à une rationalité ordinaire. Elle est condamnée à être différente. L’histoire d’une dévotion aliénante. Une dévotion fragile aussi, mise en scène notamment par l’image du petit oiseau blessé dans les bois, dont Paul devient instinctivement le protecteur.


La mise en scène sublime le film. Suivre cette histoire sous le prisme de Paul, 16 ans, encore innocent et insouciant, est une brillante idée. Le réalisateur s’amuse à travailler l’image sous plusieurs aspects. Il tente de nouvelles choses. Parfois il s’égare un peu trop et perd un peu le spectateur dans ses expérimentations.


Aussi beau soit-il, le film n’est pas exempt de défaut. Thomas Gioria est souvent juste mais certains surjeux m’ont clairement laissé en dehors, surtout dans la première moitié du film. Fantine Harduin incarne justement la folie dans la plupart des scènes, mais est parfois un peu extrême dans ses crises de démence. Les personnages secondaires sont bien écrits mais manquent de profondeur.


En somme, Adoration est un superbe travail de Fabrice Guelz qui comporte tout de même des imperfections. Pour ma part, j’ai hâte de découvrir ses anciens travaux et notamment les deux premiers volets qui ont initié cette trilogie Ardennaise, à savoir : Calvaire et Alleluia.


Paul-Arthur

Philocine
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le 25 janv. 2020

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