Passé cuisant

S’il a tout particulièrement brillé dans les festivals, accumulant moults nominations et récompenses prestigieuses, Aftersun demeure surtout un sommet de simplicité profonde, ses atours et atouts minimaux épousant à la perfection sa verve naturaliste et intimiste : une superbe proposition de Charlotte Wells donc, bien qu’il ne s’agisse là que de son premier long-métrage.

Le postulat d’Aftersun est des plus limpides, Sophie se remémorant ses vacances en Turquie avec son père Calum vingt ans plus tôt : entre plans classiques et vidéos issues de son camescope d’alors, le récit va brillamment dresser un tableau captivant, développant avec un doigté imperceptible un pan de vie dramatique – le dernier d’entre tous. Une réalité remuante et son lot de paradoxes, le présent s’avérant flou comme rare à contrario des racines précieuses qu’il entreprend d’explorer.

Teneur mélancolique et malaise latent vont ainsi de paire sous le soleil turque, les sourires et toute la bonne volonté de Calum révélant avec d’autant plus de force ses tourments, Paul Mescal crevant à ce titre l’écran avec brio. Pourtant, Aftersun conservera de bout en bout une fraîcheur et tendresse salvatrice, le regard candide et peu à peu éveillé de Sophie parachevant l’empreinte si nuancée de cette tranche de vie revisitée, incarnée par un tandem parfait.

Cependant, en parallèle d’une montée en tension crispante, le long-métrage ne se dérobera pas avec un dénouement davantage amer que doux : car à l’image de cette rave épileptique et énigmatique, la quête de réponses et de sens de Sophie entérinera la finalité tragique de ce petit bijou de sensibilité.