Les films Alien et moi, ce n'est pas comme Star Wars ou Le Seigneur des Anneaux : en effet, j'ai découvert la saga assez tardivement et n'y ai pas autant accroché qu'une bonne partie de la génération Y, bien qu'il y ait objectivement des points forts incontestables - le design très inspiré de l'univers et des bestioles en tête, évidemment.


Fincher, en revanche, c'est une histoire d'amour intense qui a débuté en 2005 avec Fight Club, s'est poursuivie avec des tueries comme Zodiac, Se7en et le mésestimé The Girl with a Dragon Tattoo, s'est concrétisée avec The Social Network et Panic Room, a connu quelques expériences plus inédites avec Benjamin Button et The Game, et enfin, une déception avec le tout dernier en date, Gone Girl.


Après avoir fait ses armes chez Industrial Light & Magic (avec papa George lui-même !) et tourné bon nombre de pubs et autres clips musicaux (l'un de ses faits les plus connus demeurant Who Is It? du King of the Pop), David s'attaque enfin au cinéma avec le projet le plus désavoué de sa carrière: Alien 3. Il succède ainsi aux titans Ridley Scott et James Cameron dans la tâche ardue de livrer un film à la fois rentable et réussi sur le plan artistique.


Il en résulte une œuvre sombre et personnelle, qui bien qu'ayant été remaniée à plusieurs reprises par un studio sans cesse en désaccord avec son réalisateur, porte indéniablement la patte de celui-ci : on y retrouve sa photographie impeccable et sa maîtrise du cadrage, qui s'illustrent lors de scènes hallucinantes (le jeu de poursuite entre les prisonniers et l'Alien filmé en caméra subjective, pour ne citer que ça) ; on y retrouve ses héros - ou plutôt anti-héros - à l'existence maintes fois tourmentée et mutilée, qui cherchent une forme de rédemption, de porte de sortie. On y retrouve sa direction d'acteur sans faille au sein d'un casting où j'ai eu le plaisir de revoir quelques têtes que je connais bien, comme Ric Olié et Tywin Lannister. On y retrouve une ambiance glauque et pessimiste à faire dépérir le plus aguerri des spectateurs, pour ensuite l'émouvoir lors d'un final ô combien magnifique. On y retrouve des personnages d'un charisme et d'une complexité peu commune, à la fois sur l'échelle de l'Homme et celle du Surhomme (Dillon en est un parfait exemple ; dommage que son interprète ne rencontre guère un succès à la hauteur de son talent par la suite). Et j'en passe...


A côté de ça, on reste absolument fidèle aux codes de la saga. Le pitch ? Un Xénomorphe (mal foutu mais suffisamment crédible) sort du bide d'un infortuné mammifère qui passait par là et s'en va semer la terreur dans un décor de huit-clos de science-fiction.


SAUF QUE, cette fois, on gomme tout ce qui avait le don de m'irriter au plus haut point dans les épisodes précédents. Exit la sempiternelle bande de bras cassés présentée tour à tout sous les traits d'un équipage malmené, de bureaucrates têtes à claques et de marines aussi incapables que bourrins ; cette fois, c'est avec l'aide une bande de taulards aliénés, violeurs et psychopathes que Ripley affrontera la bestiole. Et quoi de mieux que les pire raclures du bas de l'échelle sociale, dont même le gardien et le gourou n'ont rien à perdre, pour affronter la mort en personne dans un jeu de survie où tous les coups sont permis ? La scène point d'orgue du jeu en question, où les prisonniers jouent à chat avec un Alien filmé en caméra subjective dans un labyrinthe de galeries souterraines semblait déjà une idée de génie sur papier : Fincher en a fait une réalité !


En d'autres termes, comment ne pas s'étonner qu'Alien 3 soit le film le plus mutilé, critiqué, bafoué et désavoué de la saga (y compris par son créateur lui-même), alors qu'à mon sens il s'agit bel et bien d'un de ses meilleurs films ! L'on aura beau lui reprocher de créer une rupture avec la continuité de la saga, il n'en conclut pas moins magnifiquement le premier tronçon, quelques temps avant que Resurrection ne propose un nouveau départ sur un axe bien plus étrange et risqué.


En tout cas, et bien que conscient des qualités de tous les autres, pour moi c'est celui-ci le meilleur, et de loin.

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le 14 avr. 2016

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reastweent

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