Au tout début d'Alien Covenant, il existe une séquence de pré-générique, d'introduction, comme une exergue (la véritable séquence d'introduction, celle présentant l'équipage
autour d'un James Franco pimpan étant simplement et purement retiré du film pour être soumis exclusivement aux internautes et youtubers).
On y découvre Weyland et son synthétique entrain de faire connaissance, entourés d’œuvres d'arts aussi diverses que significatives: la peinture, la musique et la sculpture semble être les œuvres dominantes de la séquence, parce que visible immédiatement mais surtout énoncées oralement par les protagonistes de la présente situation. Cependant, il existe une autre œuvre, comme une quatrième dimension, et qui s'offre à nous constamment, et même avant les autres: l'architecture, au travers de la pièce, à la fois discrète et en même temps suffisamment atypique pour nous interpeller tout de suite.
En un plan, aussi sublime que discret, la mise en scène nous révèle le projet de ce dispositif: travelling avant subjectif à David, légèrement montant vers le haut en panoramique, simulant le levée du regard, de la tête, simulant la découverte.
Mais que fait donc cette statue du David de Michelange au milieu de la pièce, et surtout, enfoui en parti dans le sol et dans le plafond?
Comme si l'architecture de la pièce s'était construite autour de la statue comme elle se serait construite autour d'un arbre qu'elle se serait refusé à couper.
La statue se trouvait-elle donc là, au préalable, comme un élément, une fondation, un idée préexistante autour de laquelle toute l'entreprise de Weyland se serait construite?
Mais alors, ce panoramique géant sur les montagnes, au travers de la fenêtre, quel est ce lieu? Existe-t-il?
Sommes nous sur Terre, ou serait-ce un écran de projection du fantasme ultime, but avoué de l'entreprise de Weyland, de trouver le paradis originel, ce fameux paradis perdu?
Weyland a-t-il construit son palais de Goliath sur les ruines de la Galleria dell'Accademia, à Florence (et dont l'architecture de la pièce semble faire référence), à une époque où la Terre est invivable, mourante, comme pourrais le signifier cet autre indice: le plan qui ouvre le film et qui fait bien entendu appel au centre nerveux de Blade Runner, univers étouffant, agonisant.
Serais-ce donc moins une fenêtre panoramique qui s'offre à nous dans l'architecture de cette pièce qu'un écran immense de projection numérique, d'illusion, de cinématographie.
Avec cette pré-séquence, nous passons donc directement du désastre au temps présent, de Prometheus à covenant, tout en avouant sa fascination pour ce qui a été avant et demeure inchangé, intouchable.
La messe est dite et le film effectue alors son virage ultra réactionnaire, au sens de "la formule d’antan".
Les furieux consumériste auront leur appât du gain: un univers étendu, une franchise de plus capitalisant autant sur Alien que Blade Runner (avec le cinéaste comme démiurge central et fondateur).
Les cinéphiles les plus curieux auront un vrai appel de manche sur une perspective cinématographique, une filiation artistique dans le temps, une référence à la postérité.
Quand au grand public, il faut le dire, ils auront leur bon film d'horreur, leur série B ultra efficace, à la limité du slasher movie, du film de genre ultra codifié, tellement codifié qu'il en devient mythologique.
Quand le Dieu-prétendant David entre finalement au Vahala, l'horreur est à son comble. On en redemanderait presque.
C'est vraiment triste que le film n'est pas rencontré son publique, nulle part d'ailleurs, ni chez lui ni chez nous. C'est pourtant tout ce que les détracteur de Prometheus avait demandé.
Finalement, si le coup de fronde attendu a eu lieu, ce n'est pas tant entre Goliath et David, comme cela était prévu, mais entre le spectacle et son publique, et pas vraiment dans le sens escompté.
Comme il dise, là-bas, de l'autre côté de l'atlantique: it's a shame.


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le 9 sept. 2017

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