En deux lignes :
A l’occasion d’une étape imprévue lors de son retour vers la Terre, le cargo spatial Nostromo embarque à son insu un organisme extra-terrestre mortel.
En un peu plus :
En 1979, un film crevait l’écran de manière spectaculaire, redéfinissant un genre tout entier, fascinant, horrifiant voire malmenant son public comme jamais auparavant et comme rarement auparaprès.
Tout un pan du cinéma de science-fiction s’était spécialisé dans le film de monstre, reprenant le flambeau des pulp magazines des années 1930, galvanisé par les premiers témoignages en ufologie et la course à l’espace. Il ne s’agissait pas toujours à proprement parler de films d’horreur, mais lorsque l’on emmenait sa copine au drive-in du coin le vendredi soir, ça faisait le job.
Les aliens (depuis le n° d’août 1931 de Wonders Stories le terme s’était dégagé de son sens étymologique pour devenir un synonyme de Martien) y variaient en taille, en nombre, en forme et en méchanceté. Qu’il s’agisse d’une super-carotte d’outre-espace (The Thing from Another World, 1951), d’un plantigrade à tête de chauve-souris (It ! The Terror from Beyond, 1958), d’un peuple de Sélénites insectoïdes (First men in the Moon, 1964) ou même d’esprits immatériels en quête d’enveloppes charnelles (Terrore nello Spazzio, 1965), leur public se limitait généralement à des adolescents boutonneux ou des afficionados de série B et, malgré les promesses et les points d’exclamation des affiches, on y restait largement en-deçà de la terreur. Lorsqu’Alien jaillit de (presque) nulle part, il s’empara du terme pour l’habiter de manière si terrifiante et obsédante que désormais, lorsqu’on parlerait d’aliens, la créature de Giger s’imposerait immédiatement à l’esprit du grand public.
Sans surprise, la génération d’Alien fut mouvementée et haute en couleurs. Le scénariste à l’origine du projet, Dan O’Bannon, admettait bien volontiers : « Je n’ai volé Alien à personne : je l’ai volé à tout le monde ! » Sans vouloir se livrer au jeu des sept erreurs avec une infinité de films (il y a des universitaires et des geeks pour ça), contentons-nous de revenir sur deux films sans lesquels jamais Alien n’aurait éclos.
O’Bannon avait scénarisé avec un certain John Carpenter un film d’étudiant qui allait devenir en 1974 Dark Star, une comédie de science-fiction où l’on entrevoyait un alien en forme de ballon de plage avec des pattes, embarqué à bord parce qu’il « avait l’air mignon » se livrer à un certain nombre de facéties lorsqu’il s’agit de manger son repas ou de rester confiné dans une partie précise du vaisseau. Le film eut un « succès d’estime », comme on dit. O’Bannon commenterait par la suite : « Lorsqu’on a projeté le film pour la première fois devant un public qui avait payé pour le voir, il n’a pas semblé réaliser que c’était drôle. Mon deuxième film, Alien, était en gros une version effrayante de Dark Star. Je m’étais dit : “Si je n’arrive pas à les faire rire, peut-être que je peux les faire hurler. ” »
En fait, le deuxième projet de film sur lequel O’Bannon travailla ne fut pas Alien, mais Dune, réalisé par Jodorowsky. C’était un projet si dantesque, si expérimental et si fantasmatique qu’il mobilisa à Paris toute une équipe technique pendant pratiquement deux ans, avant de se heurter au refus des studios hollywoodiens pour qui le réalisateur chilien était décidément trop ambitieux et incontrôlable. Après l’abandon du projet, O’Bannon rentra aux Etats-Unis, complètement dépressif et sans le sou pour dormir sur le canapé de son ami Ronald Shusett, avec qui il écrivit la première mouture d’Alien. Le travail d’un artiste suisse-allemand Hans Ruedi Giger l’obsédait depuis qu’il avait fait sa connaissance dans les séances préparatoires de Dune : « Ses peintures avaient eu un profond effet sur moi. Je n’avais jamais rien vu qui fut si horrible et si beau en même temps. Alors j’ai fini par écrire un script pour un monstre fait par Giger. » Le script, enrichi par deux des fondateurs de Brandywine Productions, David Giler et Walter Hill, donnerait finalement l’Alien que l’on connaît.
Alien a peut-être été volé à tout le monde, mais il est difficile de prendre la pleine mesure de ce que ce film a depuis inséminé à son tour.
Ce n’est pas pour rien qu’il y a des procédures de quarantaine.
Et en quelques images :
Trailer alternative (à venir)