Giger venant malheureusement de nous quitter, je me devais de me pencher sur son héritage. Et, plus précisément, sur la créature spatiale la plus belle jamais observée : le Xénomorphe (je me pencherais davantage sur cette chose blanchâtre d'Alien : la résurrection dans la critique dudit film).

Certes, le Xénomorphe bave un peu... beaucoup. De fait, il est très fortement déconseillé d'en avoir un chez soi quand on a de la moquette. Mais, hormis ce "détail", c'est une bestiole particulièrement attachante, qui n'hésite pas à vous sauter au cou lorsqu'elle vous apprécie. N'oubliez pas de prendre rendez-vous chez un bon chirurgien orthopédiste lorsque le cadeau surprise qu'il vous aura fait aura décidé de sortir de sa coquille. Ceci-dit, si vous détestez un de vos voisins, vous pouvez lui offrir un des nombreux œufs que l'animal est capable de pondre (avec un gros nœud jaune, ça passera tout seul).

Plus sérieusement, passons au film en lui-même. Ridley Scott réussit ici l'exploit à nous faire frissonner - voire sursauter - avec rien. En vérité, on voit très peu le Xénomorphe dans cet opus, l'imagination du spectateur fait absolument tout. Ne vous étonnez pas de paniquer à la vue d'un petit point vert clignotant sur un écran noir, de sentir votre cœur battre juste parce qu'il y a un espace laissé vide en arrière-plan d'un des acteurs ou d'être persuadé, à l'image du lieutenant Ripley, que ce tuyau n'est pas si innocent qu'il en a l'air. C'est le principe du film, on est piégé par notre propre anticipation.

Certes, le film accuse un peu les années (il date de 1979, quand même) : les ordinateurs sont de grosses bécanes monstrueuses avec des écrans noirs et des écritures vertes et les acteurs ont le look de cette période. Ils seraient réellement partis à notre époque, l'héroïne aurait été une rouquine aux cheveux raides, yeux vert, bonnets E, 20 kg. A la place, nous avons une Sigourney Weaver androgyne et fantastique, qui flippe à fond mais qui conserve suffisamment de self-control pour avoir les bons réflexes et ainsi éviter les "balles". Une femme forte qui se retrouve face à une créature toute aussi puissante.

Ce qui est cependant remarquable pour un film de cette époque, c'est la qualité des effets spéciaux. Au-delà de l'aspect du Xénomorphe qui est parfait (tout comme ses œufs et ses larves), je reste impressionnée par Ash. [SPOIL] Quand il ne lui reste plus que la tête de fonctionnel, le résultat est d'un réalisme confondant. C'est juste une tête en caoutchouc qui dégouline de partout, mais c'est aussi Ian Holm. Magnifique ![/SPOIL] Faut dire, durant ces années là, il y avait encore tout plein de gars qui savaient mettre les mains dans le cambouis et pondre des trucs invraisemblables avec deux bouts de ficelle et du scotch. Le résultat était parfaitement tangible, même à travers notre écran de télévision/cinéma. Maintenant, on est tout juste bon à faire des images de synthèse mal incrustées.

Et puis le Nostromo est un personnage à part entière qui suinte, transpire, grouille de recoins sombres, de galeries obscures embrumées de vapeur d'eau et de chaînes qui pendouillent d'un air menaçant. Le tout en partie piloté par un ordinateur tatillon et qui dévoile ses secrets à condition que vous posiez les bonnes questions.

Bref, Alien : le huitième passager est à voir absolument une fois, l'esprit libéré de tout pour que votre imagination fasse son boulot. Laissez-vous embarquer à bord de ce vaisseau où l'équipage, qui roupille depuis 30 ans, est soudainement tiré de son hibernation par Maman, un appel à l'aide ayant été capté par ses récepteurs.

Créée

le 20 mai 2014

Critique lue 715 fois

15 j'aime

NicodemusLily

Écrit par

Critique lue 715 fois

15

D'autres avis sur Alien - Le 8ème Passager

Alien - Le 8ème Passager
Hypérion
9

Mother ! You bitch !

L'un des inqualifiables nombreux manques à ma culture cinématographique est comblé. J'ai enfin vu Alien. Je redoutais cette confrontation avec ce monument annoncé. Fanatique absolu de Blade Runner,...

le 11 juin 2012

173 j'aime

20

Alien - Le 8ème Passager
Torpenn
9

La belle et la bête

Les aléas de mes acquisitions de films me font terminer ma rétrospective Alien par le tout premier. Je perds probablement en cohérence, mais je gagne au moins le mérite de mes nettoyer les yeux de...

le 2 janv. 2013

164 j'aime

56

Alien - Le 8ème Passager
Sergent_Pepper
8

Cannibal Kingdom

Alien n’est pas seulement l’acte de naissance d’une créature phare de la mythologie hollywoodienne : c’est aussi l’éclosion d’un cinéaste, qui fait pour ce second film des débuts éclatants avant un...

le 5 mai 2017

113 j'aime

13

Du même critique

Le Miroir d'ambre
NicodemusLily
4

Mondial moquette chez les parallélépipèdes rectangles

Enfin ! J’ai enfin fini de lire la trilogie de Philip Pullman : A la Croisée des Mondes. Ca n’a pas été de tout repos. En effet, passée la déception du tome 2 qui glissait de manière flagrante vers...

le 14 mars 2015

14 j'aime

9

New York, Unité Spéciale
NicodemusLily
7

Ma deuxième partie de soirée fétiche

New York : Unité Spéciale, c'est une série que j'ai découvert un peu par hasard. Toujours diffusés en deuxième partie de soirée compte tenu des sujets traités, toujours diffusés dans le désordre le...

le 15 avr. 2014

13 j'aime

5

La Reine des Neiges
NicodemusLily
1

Mince, c'est Noël ! Il faut faire un film !

La Reine des Neiges, mon dernier grand traumatisme Disney. J'avais espéré - au vue de la bande-annonce - être à nouveau transportée dans le monde féérique de la souris parlante... mais c'est un...

le 22 mars 2014

11 j'aime

9