Le film qui a imposé l'idée que l'on pouvait faire un film de science fiction en huis clos total dans un vaisseau spatial de transport commercial, sans déluges d'effets spéciaux et sans montrer grand chose finalement de l'origine de la peur suintante et luisante qui détruit inexorablement l'équipage du "Nostromo", navire-cargo basique... Sorti au crépuscule des années 70, alors que la pandémie du Sida gangrénait lentement le monde occidental et ses vassaux, le film peut se voir aussi comme une relecture et une parabole du mythe de l'infection en constante mutation et de la maladie particulièrement agressive et horrible qui commençait à se propager sans espoir de guérison... Des humains en semi-hibernation, des larves en hibernation dans un vaisseau extra terrestre abandonné sur une planète inconnue, qui s'ouvre tels des vagins floraux géants pour projeter leur suc sur le casque du malheureux astronaute trop curieux ... Tout le symbolisme de la maladie sexuellement transmissible et d'un cancer qui se nourrit de son hôte sont réunis... L'alien est un crabe qui mange celui qui l'a contracté, il se nourrit de lui en le dévorant radicalement et évolue à une vitesse folle avant d'atteindre la perfection soldatesque dénuée de sentiments. Le guerrier parfait qui attire autant qu'il dégoute... Voir ce qu'en dit l'androïde du vaisseau, avec une froide analyse des éléments et des possibilités de survie de l'équipage..Sigourney Weaver, héroïne ambiguë et androgyne, têtue, sculptée dans un bloc de survie est impeccable dans son rôle de femme de plus en plus isolée face à l'inconnu menaçant et changeant, au propre comme au figuré. Avec un minimum de scènes chocs, un maximum de passages anxiogènes et surtout beaucoup de suggestions visuelles et sonores, un monstre d'une beauté malsaine vecteur violent d'angoisse et de peur poisseuse surgit très lentement sous nos yeux, dessinant les contours encore indistincts du Xénomorphe qui menacera la race humaine toute entière par sa terrible et redoutable construction mortifère parfaite. Le début éblouissant d'une série de 4 films, tous différents, tous réalisés par des sensibilités opposées et le tout a donné naissance à une légende terrifiante... Un conte des temps modernes puisant ses racines dans la psychanalyse récente et dans les anciens mythes antiques grecs notamment le Minotaure...
Dans l'espace, personne ne vous entend hurler...