Dans un contexte où un virus qui transforme la chair en pierre se répand à une allure inquiétante, Alpha, une jeune adolescente de treize ans, se fait tatouer en soirée avec une aiguille sale. Inquiète d'être contaminée, le passé revient troubler son réel et celui de sa mère. Elle se retrouve hantée par le souvenir de son oncle addict, rencontré une seule fois lorsqu'elle avait cinq ans, tué par ce même virus. Deux temps se superposent, l'un terne et l'autre contrasté, à travers lesquels Alpha suit la trace de son oncle. Sa mère fait à nouveau face à la terreur du virus et se bat pour sa fille qui perd pied avec la réalité.
Tahar Rahim est fascinant dans ce film. Sa transformation est cinglante, son jeu juste. Golshifteh Farahani est une lionne, un personnage fort et puissant. Elle agit comme une ancre pour sa fille et son frère, tous deux absorbés dans leurs tourments.
Les effets spéciaux, notamment les corps craquelés qui se désagrègent, étaient tellement réussis que je cherchais presque les petites parcelles de marbre sur les corps des gens croisés à la sortie du film.
En revanche, le fil narratif du film est décousu. On ne comprend que tardivement l'intérêt de la réapparition du frère, confondant deux histoires a priori distinctes pendant la plupart du film : celle de l'addiction du frère et celle de la possible contamination d'Alpha. Certaines scènes sont gratuites et n'ont pas grand intérêt, en particulier l'enchaînement du match de foot et le moment dans la boîte de nuit. J'ai trouvé le film long par moments et j'avais du mal à voir où l'histoire nous emmenait.
D'autre part, le choix des musiques est parfois dissonnant, comme lorsqu'Alpha poursuit son oncle à travers une zone portuaire industrielle et que Let it Happen de Tame Impala passe.
En bref, Alpha est un film dur, qui met en lumière les thèmes de l'addiction, de la maladie et de la mort avec toute la brutalité qu'on reconnaît de Julia Ducournau, avec un format narratif original mais qui manque de clarté.