Marcela, jeune madrilène originaire du Pérou, habite avec son mari dans un minuscule appartement de banlieue. La vente de fleurs est leur unique ressource. Lorsque leur frigo vient à tomber en panne, c'est tout leur petite entreprise qui vacille : Marcela, secrètement enceinte, se doit de trouver un travail afin de pouvoir continuer à vivre. Embauchée par une famille aisée pour s'occuper d'un vieillard à l'agonie, elle mène une vie instable entre ces interminables journées d'attente et de silence et ses longues nuits de souffrance et d'inquiétude. Lorsque l'homme vient à mourir, la jeune femme se trouve confrontée à un dilemme malsain : si la famille du défunt apprend sa disparition, elle perdra son travail.
Principalement axé sur le ressenti de cette protagoniste très effacée et timide, Amador se trouve alourdi par les scènes au larmoiement exacerbé de cette dernière, autant de précieuses minutes volées à une discussion déjà très restreinte entre la jeune femme et son protégé. L'esquisse de réflexion sur l'existence, l'intérêt et l'amour se profilant avec le puzzle se révèle rapidement interrompue par la mort du vieil homme. Il demeurait l'unique personnage à concrétiser ce message par les lettres, les mots et les actes, et c'est en vain que la jeune Marcela tente de faire perdurer la réflexion par les regards et le silence. L'intrigue patine et l'ennui s'installe peu à peu, parfois contré par les irruptions humoristiques de la "vieille connaissance" du défunt, au point de vue assez loufoque sur la situation.
Amador est donc avant tout une belle performance technique : la mise en scène soignée, la photographie intérieure et la composition d'une grande esthétique fluidifient l'ensemble, et chaque scène d'attente, de vide ou de doute se révèle discrètement édulcorée par des travellings lents et quasiment imperceptibles ou un accompagnement musical parfaitement dosé.