3 films présentés à Cannes et 3 Prix du jury : Andrea Arnold cumule. American Honey, première incursion outre-Atlantique de la cinéaste britannique n'a pourtant rien à voir avec Red Road, du moins a priori. En tournant loin de chez elle, celle qu'on avait étiqueté trop facilement la Ken Loach au féminin semble se métamorphoser dans un road trip qui contient pourtant un large aspect social. American Honey est un double portrait de l'Amérique, celui des habitants du Midwest et celui du microcosme de ces jeunes garçons et filles, blancs, faut-il le préciser, embarqués dans une aventure apparemment libertaire mais tout de même régie par les règles du capitalisme. Dualité vue à travers les yeux de son héroïne, fraîchement intégrée dans le groupe qui vit en autarcie et trace la route, d'un motel à l'autre. Andrea Arnold filme ses protagonistes comme une entité collective s'attardant peu sur ses membres, hormis trois d'entre eux : la chef, son second et la novice. C'est un parti pris, comme celui de peu s'intéresser à la psychologie, pour un film sensoriel, captivant, notamment dans ses boucles narratives répétitives (les mêmes qui agaceront certains) pour une durée certes excessive de 2h40 mais pas si longues cela à part peut-être dans sa dernière ligne droite. Pas d'intrigue forte dans American Honey mais deux ou trois scènes marquantes dont une passablement sordide. Evidemment, on peut y trouver la musique trop forte ou les gros plans sur les insectes fastidieux mais c'est passer à côté des grandes qualités du film. Son refus de jugement et son constat documentaire s'allient ici à une forme quasi hypnotique voire poétique dans ce vagabondage chaotique et finalement bienveillant.

Cinephile-doux
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le 11 févr. 2017

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Cinéphile doux

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