American Pie, quatrième du nom, fait fi de tous les spin-offs qui ont suivi "Marions-les !", en 2003. Des spin-offs tels que No Limit, String Academy, Campus En Folie et Les Sex Commandements, tous s'enfonçant dans la plus profonde médiocrité ; certains diront même qu'ils n'ont jamais décollé du fond. Ce nouvel épisode est donc une suite au 3ème volet, et reprend l'histoire une dizaine d'années après le mariage et donc treize ans après la fin de leur scolarité au lycée, ceux de la classe de la génération 1999.

Et, pour la génération adolescente de la fin du vingtième siècle, le premier American Pie fait sans aucun doute partie des films cultes. Pas facile, alors, de revoir des personnages qu'on a vu faire les 400 coups en tant que lycéens désormais dans la peau d'adultes aux vies bien réglées, mariés, parents, engagés dans le monde professionnel.... On ne peut s'empêcher de ne pas vraiment les prendre au sérieux, même si treize ans séparent aussi les acteurs de leur rôle dans le premier film.

D'un autre côté, ils ne nous donnent pas forcément tord. Alors, oui, les thèmes - pour peu qu'ils aient jamais eu un intérêt démesuré dans cette franchise teen comedy - sont réorientés vers la "crise de la trentaine". Nos personnages se posent des questions quant à leur réussite professionnelle, sociale, et leur vie de couple... sexuelle. Eh oui, que serait American Pie sans sa constante de débauche lubrique martelée à chaque occasion ? Jim et Michelle, après avoir eu leur enfant, compensent leur activité au lit proche de zéro par des plaisirs solitaires cachés. Stifler, après avoir bouffé à tous les râteliers, est bien parti pour terminer ses jours seuls en vieux con. Oz ne peut s'empêcher de rester accroché à son premier amour, Heather, malgré la bimbo dévergondée qui partage sa vie. Tout comme Kevin vis-à-vis de Vicky. Et Paul, lui, cherche toujours l'amour, après avoir délaissé les visites chez la mère de Stifler.

Tous ces personnages hauts en couleurs se retrouvent à l'occasion d'une réunion d'anciens élèves de la promo 99. Bien entendu, une fois réunie, la joyeuse bande ne peut s'empêcher de se fourrer dans des situations plus rocambolesques les unes que les autres. C'est comme si on ne les avait pas quittés, ou qu'ils n'avaient pas grandi en dépit des responsabilités qu'ils tentent tous d'avoir. Humour et gags en pagaille sont donc au rendez-vous, à base d'invectives sexuelles salaces, d'alcool, de jeunes lycéennes en chaleur, de matière fécale, et de private jokes envers les précédents épisodes, ou même la dévaluation de la génération "jeune" d'aujourd'hui qui n'a plus aucune limite, à coup de "de notre temps". Quelques pensées qui ont certainement déjà traversé l'esprit de pas mal d'entre-nous - de la génération Y - vis-à-vis de nos cadets.

Certes, c'est assez amusant, et certains passages burlesques sont bien trouvés. Mais, dans l'ensemble, les ficelles et débouchés des scènes extravagantes se devinent rapidement, notamment par le fait de vouloir faire trop de clins d’œil aux volets passés. Plusieurs caméos interviennent, pas forcément utiles mais toujours sympas à voir. Côté scénario, évidemment ce n'est pas là qu'il faut s'attarder, mais les conneries d'un Stifler, par exemple, ou les mésaventures inimaginables de Jim, prennent vite le pas sur les questions morales et de bonnes conscience qu'essaient de développer les personnages parce qu'ils sont adultes, tout en étant loin de se comporter comme tels.

Rien d'étonnant avec les scénaristes et réalisteurs d'Harold et Kumar (les trois) à la barre de ce American Pie. Au travers de situations cocasses, parfois un peu lourdaudes ou exagérées, c'est aussi le cheminement de ces personnages auxquels il semble manquer quelque chose pour être vraiment heureux dans leur vie. Pas de surprise quant au final. Et, au programme de la BO, tout ce qu'il faut pour faire plaisir au jeune de l'époque et d'aujourd'hui, entre Pop, Punk Rock, Electro, R'n'B à la fois oldschools et actuels, l'ambiance est clairement à l'amusement et au délire.

Sans s'ennuyer, l'on n'est pas non plus en face d'un monument de l'humour. On rit parfois, de bon cœur même, mais c'est surtout le côté nostalgique qui joue une grande part dans l'appréciation du film. Qui n'a jamais eu envie, à la fin d'une œuvre, de rester dans l'univers développé après le Happy End et voir comment les personnages allaient évoluer ? American Pie 4, c'est à peu près ça, tout en se rappelant les bons moments déjà passés avec eux qui permettent de créer une certaine attache entre le spectateur et les Jim, Stifler, Finch, Oz, Kev et compagnie ; l'impression de retrouver des potes perdus de vue et de profiter de nouveau. Pourtant loin d'être un film qui donnera lieu d'être revu, il en replongera assurément plus d'un dans ses années collège/lycée tout en lui insufflant également l'envie de retrouver ces camarades d'un temps et partager des brèves de vie, en bonne compagnie et toute insouciance.
AntoineRA
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le 17 sept. 2012

Modifiée

le 17 sept. 2012

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AntoineRA

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