REPRISE SALLE DE LA SEMAINE
Il y a peu de choses capables de réellement me heurter au cinéma. La violence, même brutale, finit souvent par s’intégrer au récit, par se fondre dans la fiction. Mais lorsqu’il s’agit d’animaux maltraités, ma tolérance cesse aussitôt : quelque chose en moi se fige, se révolte. Amours chiennes d’Alejandro González Iñárritu fut, pour cette raison, une épreuve intense dans l’obscurité de la salle. Non pas que le film soit mauvais — bien au contraire. C’est une œuvre magistrale. Mais j’ai souffert avec chaque image.
Un accident de voiture, trois destins fracassés, le Mexique comme décor brûlant.
La première histoire nous plonge dans l’univers clandestin des combats de chiens : un monde âpre, où la survie se gagne dans le sang. La deuxième rétrécit l’espace jusqu’à l’étouffement : un petit chien prisonnier sous le plancher, incarnant à lui seul la détresse silencieuse. La troisième suit un homme brisé, un marginal qui accepte des missions douteuses et ne trouve la paix qu’auprès de sa meute de chiens errants — ses seuls compagnons fidèles.
Les deux premiers segments, surtout, ont été pour moi de véritables cauchemars. Cette violence infligée à des êtres incapables de se défendre m’a frappé en plein cœur. Rien n’est gratuit, toutefois : derrière l’impact cru des scènes, Iñárritu interroge ce qu’il reste d’humanité lorsque l’amour se déforme, se pervertit ou s’effondre.
Le choc est total, et parfaitement assumé. Amours chiennes est un grand film — urgent, viscéral, indispensable — mais certainement pas une œuvre que l’on regarde avec plaisir. Plutôt une expérience que l’on traverse, et qui continue longtemps de remuer quelque chose en nous.