L'art de propagande est souvent dénigré. En tous cas, je n'ai jamais eu aucun professeur louant l'apport esthétique de cette catégorie d'artistes. En revanche, les détournements chinois de ce genre plaisent. Personnellement, j'aime bien les deux.


Pour en revenir plus précisément à l'art de propagande, je considère déjà que n'importe quelle oeuvre est la propagande d'une idée. Il n'y a vraiment que dans quelques rares œuvres, comme celles de Tarantino, qu'on ne trouve aucune idéologie. Ensuite, je considère que tous les discours, toutes les idées se valent. Cela ne veut pas dire que j'adhère à tout, je suis contre le racisme, pour le mariage gay, pour l'avortement, ... Juste qu'il ne faut pas croire qu'il existe une divine justice et que telle idéologie vaut plus qu'une autre simplement parce qu'elle épouse les codes sociaux.


Ainsi, je peux autant prendre mon pied devant un film de Emmerich qu'un film de Hanneke. Ce qui m'intéresse, dans un film, ce n'est donc pas tant l'idéologie mais plutôt la manière de présenter les idées, la manière d'exprimer les convictions. Emmerich peut me plaire s'il réussit à présenter ses idées sous forme d'explosions dues à des catastrophes naturelles spectaculaires. Pareil pour Hanneke, à sa façon.


Je n'avais donc pas d'idée malsaine en abordant ce film de 8h, je ne me suis pas dit : ha on va bien rigoler, quelques propagandes russes bien niaises. Je me suis tout de même dit : 'purée, ça va être long'. Et ce fut long. J'ai regardé ces films petit à petit sur 2 mois. Non pas que ce soit mauvais, au contraire, mais juste que je n'avais pas envie de regarder 2h de courts métrages d'un coup, du coup, j'y suis allé par épisode, lorsque le temps me le permettait.


Et puis il y a aussi le fait que ce soit de l'animation qui m'a donné envie de me plonger dans cette aventure. J'aime cette technique, surtout avant que des ordinateurs viennent tout refroidir comme Pixar, entre autres, se plaît à le faire régulièrement. Ce qu'il y a de bien, c'est qu'à l'époque, les auteurs avaient moins peur d'expérimenter. C'est même étonnant, pour des films de propagande, j'avais tout de même l'à priori que ce serait plus lisse, plus classique. Et bien pas du tout : les techniques sont variées, parfois audacieuses, parfois classiques.


Ainsi donc, 8h de courts métrages, ça fait un peu mal. Je reproche d'ailleurs une présentation maladroite : pourquoi ne pas avoir présenté ces œuvres sous forme de série plutôt que de tout compiler les uns à la suite des autres. Ce n'est pas pratique ; je pense que c'est le genre de produit qui demande une accessibilité plus fluide afin que le spectateur puisse passer d'un épisode à l'autre. Surtout après les 20 minutes de présentation que comporte chacune des quatre parties.


Au niveau des histoires, vu qu'il s'agit d'une propagande, ç a a au moins le mérite d'être clair, direct. Cela ne veut pas dire que c'est nul ou facile. Trop d'auteurs se perdent justement dans leur volonté de tout complexifier et au final on ne sait plus trop bien ce qu'ils ont voulu raconter. Ici, on va droit au but. Cela n'empêche pas les métaphores ingénieuses, les jeux narratifs originaux. Justement, de par la simplicité de la trame, les auteurs peuvent expérimenter un peu. Et puis ça reste assez large, les russes s'étant fait beaucoup d'ennemis.


Evidemment, c'est un peu inégal, certains animés plairont plus que d'autres, mais globalement, les producteurs de ce film ont choisi de bons segments, ainsi il n'y a jamais d'ennui. Parce que bien sûr, ces 8h de films ne regroupent pas tous les courts de propagande. La sélection est donc plaisante. De plus, comme je l'ai déjà dit, la technique est variée et maîtrisée à chaque fois.


Bref, ce "Animated Soviet Propaganda" est une belle découverte. Dommage que ce ne soit pas mieux présenté car se taper tout d'un coup serait purement indigeste.

Fatpooper
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le 24 oct. 2015

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