"In the heat of the morning" chantait Bowie en 66.
Une sorte de torpeur douce et chaude m'envahissait en m'installant dans mon fauteuil. Un doux sentiment de béatitude qui vous pousse à être bienveillant envers certains films projetés en matinée (Looper, Une Nouvelle Chance...)
Bref, j'étais animé par une folle idée : passer un bon moment avec Anna Karenina en VOST. Film dont je n'avais pas entendu parler et, toute honte bue, basé sur un livre que je n'avais jamais lu.
Mon cerveau a légèrement tressailli lors de la scène d'ouverture. Étions nous au théâtre ? me demanda avec une certaine candeur mon encéphale privé de dopamine.
Mes synapses s'agitaient et n'arrêtaient pas de me harceler. Que faisait un modèle réduit de train à vapeur recouvert de neige carbonique dans un film à près de 40 millions d'euros ? Qui était en charge de la moustache d'Aaron Johnson ? Jude Law était-il désormais le figurant le plus cher de l'histoire du cinéma ? Keira Knightley avait-elle uniquement à sa disposition le fameux combo sourire/grimace en termes d'expression faciale ?
Comme d'autres intervenants ici, j'avoue cependant avoir apprécié le parti-pris "Life is a stage..." pendant une bonne vingtaine de minutes.
Et puis ce fut l'enfer. Une condamnation. Dans les faits, j'étais coincé entre un couple breton venu spécialement en salle 12 pour s'amuser avec le film plastique de leurs sandwiches et une jeune femme au visage ravissant mais souffrant d'un réel problème de rétention d'eau (le fameux syndrome de Barbamama : petite tête/gros corps dont souffre une tranche non négligeable de la jeune génération).
Et les bretons finirent leurs sandwiches dans un excès polyphonique de tripatouillage d'emballages plastiques indéchirables. La copine de Barbapapa quitta la salle sans un au-revoir. Je pensais un bref instant à la suivre pour tenter de la coacher sur un programme nutritionnel à 6 mois mais non je restais là comme un andouille à voir des décors à 50 000 euros se succéder pendant la dernière heure du film.
J'avais envie d'une cigarette, d'un verre de bière ou d'un plateau d'huîtres bretonnes N°1 mais non je vivais ma vie de cinéphile avec son lot de questions non résolues. Keira allait-elle oui ou non se faire augmenter la poitrine dans un futur proche ? Jude Law allait-il désormais faire des cameo dans des caméras cachés ? ("vous avez été piégé par... Juuuude Laaaw !) Les séquences en extérieur (La faucheuse, la paysanne top model, le contremaître obéissant) étaient-elles aussi puissantes que celles d"Heaven's Gate de Michael Cimino ?
J'attendais la fin de cette épreuve dominicale. A chaque fondu j'espérais que le générique de fin se déclenche et pouvoir ainsi quitter cette salle dignement. Mais non, Keira n'en finissait pas se faire empapaouter par le jeune homme à la moustache. Aurait-il été plus crédible dans une version "full blond" du postiche de J.F. Cluzet dans "Les Liens du Sang" en (daubasse hors catalogue mais maquilleur/truqueur hors pair dans ce film d'un certain Jacques Maillot). Je ne le saurais jamais.
Signalons tout de même la fin tragique de Keira transformée en femme-tronc sous les roues de la loco en plastique à l'échelle 1/1 gracieusement fournie par les établissements JOUEF de Seine et Marne. Un happy end beaucoup plus radical que celui de Marion Moignon dans "Rouille et Os", film étant également le pendant dark side de "Sauvez Willy".
mauriceronet
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le 17 déc. 2012

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le 17 déc. 2012

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Maurice  Ronet

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