Issue de l’imagination horrifique du génial réalisateur James Wan, la poupée Annabelle s’est rapidement fait un nom dans le cinéma d’horreur contemporain grâce à son apparition remarquée dans le film The Conjuring. Ce dernier, sous l’impulsion du studio New Line Cinema, a entrainé un prequel : Annabelle, qui a été un carton commercial indéniable, tout en étant un échec critique absolument complet.
Autant vous dire que la surprise fut agréable lorsque le réalisateur David F. Sandberg a été officialisé à la direction de cette nouvelle prequel. Notamment parce qu’il est un grand ami de James Wan, ayant produit l’adaptation de son court-métrage Lights Out en long-métrage du même nom : Lights Out, mais aussi parce que le bonhomme a un sacré savoir-faire derrière la caméra. Un talent qu’il a confirmé dans le film précédemment nommé, en jouant habilement avec des jeux de lumière et de rythme habilement menés.
Dans Lights Out, David F. Sandberg avait démontré qu’il pouvait aborder le fantastique tant par sa volonté de manier à la perfection l’image ainsi que la musique du film. Ce réalisateur retrouve pour l’occasion le compositeur Benjamin Wallfisch avec lequel il avait déjà travaillé sur son premier film.
David F. Sandberg doit évidemment se plier au principe de commande. Et cela se ressent terriblement, ne serait-ce que dans le scénario toujours aussi incohérent de Gary Dauberman, qui avait déjà écrit Annabelle. Dès lors difficile pour Sandberg de se dépatouiller d’un objet qui n’a rien à raconter et se contente de confronter les enfants d’un orphelinat à un démon. Bien que l’inquiétude liée à la situation, des enfants livrés à eux-mêmes, soit prenante et permette à Sandberg de ne pas évoluer en terrain totalement inconnu, le résultat reste laborieux. Le réalisateur se laissant aller à tout un tas de clichés de mise en scène, rendant chaque moment normalement effrayant trop prévisible.
Annabelle : Creation sort en 2017.
En toute logique de cette nouvelle prequel, le film se situe dans le passé, dans une époque rappelant les années 1960, où un groupe d’orphelines sont recueillies par une bonne sœur et accueillies par un ancien fabriquant de poupées traumatisé par la mort de sa fille. Alors que les jeunes filles commencent à reconstruire leurs vies, des événements étranges commencent survenir au sein de la maison et vont cibler les résidents.
La première partie, surtout, est très maladroite et installe des fils conducteurs épais comme des poutres et peu subtiles. D’une photographie au trucage douteux jusqu’à des prises de vue étranges, le réalisateur expérimente beaucoup derrière la caméra et le scénario est souvent maladroit durant la première partie. Autant de détails qui, au début du film, laissent présager le pire et même si la suite s’améliore rapidement, le film donnera toujours l’impression qu’il aurait pu être mieux. De plus, si l’idée d’explorer le point de vue du niveau des enfants donne lieu à quelques bonnes surprises, c’est justement la présence de ces enfants qui freine le film dans ses intentions, parce qu’il restera toujours trop soft.
Les enfants sont au centre du récit, le film évite de jouer la carte du pathos pour nous attacher à cette ribambelles d’orphelines, d’une part en jouant sur les différences d’âges mais aussi en évitant de forcer le trait sur leur contexte. Facile, donc, de se laisser embarquer par Lou Lou Safran, Taylor Buck, Philippa Coulthard, Grace Fulton, mais surtout par Talitha Bateman et Lulu Wilson (cette dernière déjà experte du genre horrifique) même si on sait qu’elles disposent toutes d’une sorte de totem salvateur face au démon.
Par contre, les adultes ne bénéficient pas de ce totem d’immunité et ils seront ceux que le démon viendra attaquer physiquement. Anthony LaPaglia, Miranda Otto et Stephanie Sigman sont très en retrait dans le récit, presque anecdotique et c’est dommage.
Efficace, à défaut d’être révolutionnaire, Annabelle : Creation est une réussite amplement due à la malice de son metteur en scène, réussissant le tour de force inattendu de redorer le blason d’un univers étendu. Malgré ses clichés et ses fils inhérents au genre et au ton qu’il adopte, le long-métrage de David F. Sandberg permet à sa poupée de se remettre correctement en selle, avant un inévitable troisième opus, sans pour autant tutoyer les modèles du genre.