Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.

Je sors du cinéma ému, remué, bouleversé.
Chef d’œuvre en puissance ? Peut-être.
Film merveilleux en tous cas. Douloureux, mais merveilleux. D’une beauté tragique qui serre le cœur.
A mi-chemin entre l’opéra rock et le théâtre élisabéthain, l’histoire a été imaginée par Ron et Russel Mael - du groupe Sparks – qui signent le scénario ainsi que les chansons du film.
Au niveau des acteurs, on trouve Adam Driver – qui se démarque clairement de son rôle dans "Star Wars" et trouve ici une de ses plus belles performances - Marion Cotillard, et Simon Helberg – que reconnaitront les fans de "The Big Bang Theory".
L’équipe technique n’est pas en reste : que ce soit au niveau des costumes, des décors, des lumières ou des effets, chaque chose est à sa place, magnifiée par une mise en scène précise et jubilatoire.


Henry McHenry, humoriste provocateur, est amoureux d’Ann Desfranoux, une chanteuse lyrique.
Tous deux se marient, ont un enfant ensemble – Annette, d'où le titre du film.
Mais l’évolution divergente de leurs carrières – celle d’Ann arrivant au sommet, tandis que celle de Henry chute – et le comportement de plus en plus violent de ce dernier aura des conséquences néfastes.


Histoire monstrueuse, histoire tragique, le film illustre la descente aux enfers d’un homme dominé par ses pulsions, sa rage, sa violence.
« Un mauvais mari, un mauvais père, un mauvais artiste... un mauvais homme » selon les termes de Leos Carax.
Et cependant le réalisateur interroge : « Est-ce qu’on veut que les gens finissent leur vie en prison ? Même son pire ennemi ? »
Le film ne répond pas à la question.
Le personnage de Henry – joué par Adam Driver – pour brutal et dangereux qu’il soit, n’en demeure pas moins une sorte de héros tragique pour qui l’on éprouve, sinon de la sympathie, une peine immense.
Tantôt montré comme un monstre prêt à bondir sur sa proie, tantôt comme un homme perdu, constamment en doute sur sa capacité à pouvoir être aimé (« Qu’est-ce qu’elle me trouve ? » chante-t-il à ses spectateurs au début du film), Henry est dépeint avec une humanité qui le rend proche de nous.
Sa femme Ann – jouée par Marion Cotillard – ne verra rien ou refusera de voir ce qui lui arrive.
Voyant que quelque chose ne va pas dans leur couple, elle reste pourtant à la surface des choses, préférant évoquer ce qui l’a menée à sa glorieuse carrière.
À aucun moment nous ne la verrons tenter d’amorcer un dialogue avec Henry, afin de tenter de l’aider – excepté au moment où ce sera trop tard.
Tout s’enchaînera alors, telle une suite d’éléments inaltérables, un chemin tortueux au bout duquel Henry détruira peu à peu tout ce qu’il aime, jusqu'à provoquer sa propre perte.


Le pire est que le film ne laisse aucun espoir de rédemption. C’est peut-être cela qui déchire : on se dit que peut-être le personnage aurait pu être sauvé.
Mais non. Aucun pardon, aucune rédemption possible.
Ici se trouve la véritable tragédie du film : rien ne saura être pardonné.

Art-isto
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le 21 oct. 2021

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