Encore un film reposant sur un pseudo-matériel scientifique fumeux et des héroïnes pas du tout crédibles dans leurs rôles (du genre le cours de fac avec un contenu pour collégiens...et encore) ; avec ça, le film commençait déjà sur des bases déjà fragiles pour que je l'apprécie. Bon, après quelques dizaines de minutes, je me dis qu'il vaut mieux débrancher son cerveau rationnel et tenter de trouver un intérêt plus "philosophique" au film...y en-a-t-il ?


Je vais passer sur la débilité des personnages qui est un ingrédient nécessaire au film d'"horreur" moyen (ce n'est pas un film d'horreur mais la situation en est proche) et me concentrer sur l'actiond d'une part et sur le dénouement d'autre part.


Concernant la partie action, c'est très moyen. Les vagues événements sont presque tous navrants comme le pétage de plomb d'une meuf de l'expédition qui craque et décide donc d'attacher ses collègues pour finir évidemment broyée par un ours "mort-vivant" ou encore le combat pitoyable contre un alligator. Entre les phases d'action sans envergure et les rebondissement classiques (fades ici) du genre, on a droit à une petite originalité qui est l'étude scientifique de la mutation de l'ADN liée à la "radiation" en cours...originalité restant en surface avec des observations du genre "oh ici c'est le gène de la morphologie", "mais ce n'est pas possible que ce gène se retrouve ici", blabla...
Pour résumer : les gènes et les cellules sont ici des briques de LEGO qui s'assemblent de façon inédite, voilà, youhou.
Ah...j'ai oublié les flashbacks sans aucun intérêt narratifs à part pour remplir le minimum vital de baises par la jolie actrice qu'on a payé bien cher. Bon en fait ils servent aussi à montrer un ingrédient important du tableau : que les gens de l'expédition avaient tous perdu foi en la vie ou au moins étaient déprimés...on aurait pu mieux faire et surtout plus efficacement avec d'autres scènes plutôt que de nous servir un mari sans épaisseur et une relation qui paraît tout sauf crédible vu ce qui est affiché à l'écran (or l'amour est une des motivations du voyage pour l'héroïne...une case qui n'est pas cochée).


Au dessus de ce naufrage scénaristique surnage un concept assez sympa mais sous-exploité (et peut-être que j'essaie juste de justifier les errances de tournage en fait !) :


Compte-tenu de la fin du film, on sait que le récit de l'"héroïne" n'est pas fiable. D'ailleurs, certaines scènes paraissent assez floues voire impossibles/irréalistes. La tromperie de l'héroïne se retrouve dans la réalisation par télescopage. Je doute de cette réflexion mais si elle ne tient pas alors cela veut dire que des parties du film sont des catastrophes de mise en scène ou de n'importe quoi ! Si c'est une volonté du cinéaste, alors je la salue et cela sauverait même peut-être le film de l'oubli de mon côté (pas grand chose quand même, du genre 6/10 au lieu de 5), assez pour avoir envie de confirmer mon hypothèse.


Mais finalement, pourquoi il y a ces changements ? C'est ce à quoi répond le film dans son final qui est l'objectif même de l'escapade : la source de la "mutation". Ici, du grand classique dans le fond : des "aliens" parasites qui viennent reproduire nos cellules via une mitose accélérée pour créer une nouvelle branche sur terre. Sur la forme, cette fin réussit a minima à offrir un terrain propice à l'"interprétation" (ou plutôt à l'explication) personnelle avec une approche graphique plutôt intéressante. Ainsi, tout le monde pourra y aller de sa propre envie : création d'un homme nouveau par le créateur pour purifier l'humanité, dissociation de l'être "cellulaire" de son "esprit", ... En fait il n'y a pas grand chose à expliquer mais la fin fera office de miroir personnel face à des questions existentiels majeurs. "Miroir", c'est bien un des reproches indirects que l'on pourra faire au film : et l'auteur dans tout ça ? Eh bien pas grand chose, l'ensemble reste très en surface sur des banalités scientifiques et la traditionnelle tendance "geocentrique" presque infantile (sachant que l'on n'a pas détecté de formes de vie dans le contour atteignable et même observable, que pensez-vous de la probabilité d'être atteints par une forme de vie extérieure en excluant toute considération métaphysique?). En somme, le film est regardable car il traite de sujets qui suscitent naturellement l'intérêt mais si l'on regarde sincèrement le film, on y trouve une proposition sans couilles (aucun engagement, aucune direction) et percluse de défauts classiques du genre.
En ne prenant pas le film pour autre chose qu'un film de SF moyen, ça passe.

Foulcher
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le 3 avr. 2018

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Foulcher

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