Une bande de copains se réunissent le temps d’un week-end pour passer les vacances dans un bled paumé. Il fait un temps de chien, et le patelin n’a absolument rien d’une côte maritime et encore moins d’un cadre idyllique ce qui tranche déjà radicalement avec le synopsis annoncé puisque d’après le résumé l’histoire est censé se dérouler en Grèce. De là à dire que la Toscane fait moins rêver que la crête, il n’y a qu’une mer que je ne franchirai pas, mais le fait est que le coin semble à peu près aussi animé qu’un village de l’Argonne profonde, et croyez-moi je m’y connais. Mais il y a une explication à cela, car un tueur anthropophage du nom de Nikos Karamanlis rôderait dans les parages ; et chose surprenante c’est que sa présence n’a rien d’un mystère pour les habitants puisque l’information est relayé par la presse à journaux et ce qui relève presque d’une énorme incohérence scénaristique quant on sait que le tueur est un naufragé et que la ville de Borgo San Lorenzo se situe en plein coeur des terres à proximité de Florence. Bref, le séjour démarre très mal, d’autant que le van tombe en rade d’essence et que la femme enceinte du groupe se met à rendre son déjeuner. Heureusement, un clampin qui passait par là se met à manger son vomi, parce qu’en Italie, on aime pas vraiment le gâchis. C’est assez rigolo et totalement gratuit, un peu comme la séquence de baise dans une vieille tente quechua , mais c’est aussi pour ça qu’on est là, pour voir des seins, de la tripaille et des victimes se faire équarrir par un fou dégénéré. Il ne faudra heureusement pas longtemps pour que le tueur se manifeste et se mettent à l’œuvre. Mais que fait la police ?


A l’instar de ses homologues germains, Andreas Schnaas s’est rapidement imposé dans le milieu du Splatter underground par sa célèbre saga Violent Shit où il incarne un tueur ultra bourrin armé d’une feuille de boucher et d’un heaume de chevalier. Un cinéma qui tranche franchement dans le lard et duquel se dégage une vénérable brutalité et une générosité sincère qui n’est pas sans rappeler les excès gore et extravagants d’Olaf Ittenbach, le « talent » en moins diront certains tant il est vrai que la mise en scène n’est pas vraiment le point fort du premier, lui aussi spécialisé dans les maquillages et effets spéciaux. Non Andreas, c’est plutôt le bon copain à l’humour bien gras avec lequel on picole et on fait des pogo sur du Manowar. La réflexion, le scénario, ou même le drame n’a jamais été son créneau, en atteste d’ailleurs la grosse séquence mélodramatique de ce remake de Joe D’Amato où il se contente d’un minimalisme presque enfantin. C’est pourtant pas faute d’essayer en simulant un voiler ballotté par le vent et des vagues hors-champs mais qui donne plutôt l’impression d’un plan tourné au bord d’un paisible plan d’eau. L’imagination fera le reste bien que l’interprétation du patriarche n’aide pas vraiment, quant après des semaines à dériver sur l’océan, il se résigne à bouffer sa fille dans le coma après s'être cognée la tête sur le mat. Sa femme va alors tenter de l’en dissuader, mais le bougre va accidentellement la tuer en se maudissant copieusement devant le ciel et avant de se jeter l’instant suivant sur sa carcasse encore tiède. C’est également pour ce genre de moment un peu ringue qu’on aime ce genre de cinéma.


L’exposition ne sert évidemment que de prétexte à une série de meurtres brutaux puisque Andreas Schnaas est bien plus motivé par ses effets spéciaux et son imitation grotesque de Boris Karloff dans la peau du pathétique anthropophage, que par le travail de mise en scène d’autant que le film est tourné en DV ce qui fait nettement moins professionnel que le 35mm vous en conviendrez. Le réalisateur révélera d'ailleurs en interview n'avoir voulu proposé qu'un remake avec plus d'action, de suspense, et surtout de gore... Au moins sur ce dernier point, cette nouvelle version surpasse l’original, car autant vous dire que de ce côté là, on en a pour notre argent avec des démembrements à la force des bras, des mises à morts barbare à coup de hache, des trépanation et déformation de la boîte crânienne destiné à agrémenter le menu déjà bien sanguinolent de ce cher Nikos qui possède un appétit encore plus vorace que le Wendigo pour les corps décatis, les viscères et même un fœtus avorté directement cueilli dans le sac amniotique de la mère par voie intravaginal. Et comme le bougre ne peut jamais s’arrêter de becqueter, il va jusqu’à se dévorer les intestins avant de se farcir le tranchant d’une pelle dans le visage. En somme, la faim justifie les moyens. Joe d’Amato peut reposer en paix, l’honneur est sauf, l’horreur aussi.

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le 8 juin 2023

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