Le film aurait pu être un excellent drame allégorique sur les relations toxiques et la folie mais il semblerait que l'amour de Zemeckis pour les CGI l'ai poussé à braquer à fond sur le réalisme ET le fantastique à la fois, en brisant totalement tout entre-deux possible, ce qui relève de la performance. Les 3/4 du film se tiennent tant qu'on essaye de deviner le "high-concept" par rapport aux indices disséminés : les coupures de journaux, le comportement des voisins, la mort du père, le décès du premier mari, le travail du personnage dans la science, la ressemblance entre les deux femmes... Fausses pistes, semblerait-il ! Toutes ces pièces de puzzle mises ensemble auraient pu donner une explication autrement plus terrible et originale qu'un mari commettant des meurtres pour essayer de dissimuler un adultère. Les apparitions auraient pu être interprétées de manière métaphoriques, le réalisateur aurait pu nous faire deviner un terrible secret à demi mots : nous voyons tout à travers l'esprit de la morte, les deux femmes ont échangé leur rôle après l'accident... Des choses déjà vu dans le cinéma de genre mais qui ont le mérite de laisser une part de mystère et de poésie à l’œuvre. Cependant, la dernière partie bien trop longue (et encore, des scènes semblent avoir été coupées au montage, cf la bande annonce) se perd dans des rebondissements à foison et des scènes de tension ridicules, avec un montage grotesque (la poursuite du mari) et des évènements fortuits (le mat du bateau qui vient percer le toit de la première voiture au fond du lac pour permettre à la noyée de remonter, c'est plus du tirage de cheveu à ce stade...) et une accumulation de fusils de tchekov enrayés (le produit utilisé par les chercheurs, même le téléphone au milieu du pont...). Le film déconstruit systématiquement toute part de mystère par l'explication la plus pragmatique possible et tous les éléments énigmatiques réduits à de simples coïncidences. Les zones d'ombres sont éclipsées et Shyamalan n'aurait pas été plus habile à réduire le potentiel de son film à néant. L'usage des jumscares est abusif et les plans virtuoses sont trop ostentatoires pour réellement servir la mise en scène et ne pas passer pour autre chose que de la vanité de la part de Zemeckis. Et l'épilogue, d'une vacuité absolue... Grande déception devant ce gâchis.
Mention spéciale au faux raccord de la baignoire, où sur un plan la tête de Pfeiffer est totalement au dessus du rebord lorsque Ford tente de la noyer, ce qui décrédibilise totalement la séquence entière.