Arco vit dans les nuages, et en désobéissant à ses parents, il s’envole et atterrit chez Iris, en 2075. Cette dernière vit majoritairement seule avec son frère bébé et leur robot-nounou, dans une jolie maison familiale que leurs parents ne fréquentent presque jamais. Tous les deux en manque d’affection parentale, ils se lient très vite d’amitié, et Iris s’embarque dans une aventure pour aider Arco à rentrer chez lui. C’est aussi le récit d’une transgression dans un univers bien policé, peuplé de robots intelligents et d’adultes absents.
Sur une planète déjà en proie à la destruction, les deux enfants s’entraident dans un feel-good movie bien rythmé. Ugo Bienvenu signe ici un très beau film, réunissant à la fois une vraie maîtrise technique, des décors magnifiques et une musique tout en justesse. Il aborde le changement climatique et ses conséquences, le rapport aux adultes, la solitude et la notion d’humanité à hauteur d’enfant, ce qui rend le récit clair et touchant. Si beaucoup évoquent une certaine filiation à Miyazaki, je retrouve surtout l’esprit des Humanoïdes Associés, particulièrement de L’Incal, mais aussi la poésie délicate et absurde du Roi et l’Oiseau, et l’humour façon Dupont et Dupond.
Dans un monde relativement anxiogène, Ugo Bienvenu choisit de révéler la beauté dans les petites choses, comme la scène du chant des oiseaux ou dans les grands moments, comme lorsque Mikki grave sa mémoire sur les murs. J’ai aussi apprécié la présence de conséquences aux actes, pas toujours présente dans les films jeunesse, mais ici clairement exprimée pour Arco en fin de film. Peut-être un peu moins pour l’époque d’Iris, qui navigue entre aveuglement tranquille et adaptation au désastre climatique.
On passe sincèrement un excellent moment devant le film. Et même si je n’ai pas de reproche fondamental, le film m’a un peu laissée sur ma faim. Je trouve qu’il manque un petit peu d’ambition. Il trouve un bon équilibre global, certes, mais je suis restée frustrée de voir la plupart des thématiques effleurées, ou traitées de façon un peu trop sage. L’univers rétrofuturiste, notamment, ne me semble pas tout à fait à la hauteur des enjeux actuels. La science-fiction d’Arco, que ce soit celle de son monde ou celui d’Iris, semble tout droit sortie des années 50-60, avec quelques touches de nostalgie années 80. Il y a des robots partout, une sorte de progrès social apparemment bien installé, un quotidien assez fluide… une carte postale en surface. Du coup, on ne comprend pas bien ce qui retient autant les parents d’Iris au travail. Et pourquoi, dans le futur lointain d’Arco, les familles semblent vivre chacune en autarcie sur leur branche d’arbre. D’un côté, je suis plutôt contente que l’époque d’Iris, en 2075, garde une forme de réalisme assez cohérent avec notre présent. On y retrouve l’individualisme, la consommation de masse, le technosolutionnisme. Mais tous ces éléments SF sont souvent traités comme un simple décor, comme si on n’osait pas aller trop loin pour rester dans un cadre jeunesse.
J’entends bien que c’est toujours un équilibre difficile à trouver : être simple sans être simpliste, mêler aventure merveilleuse et réalisme, naviguer entre naïveté et vraie réflexion. Je n’ai pas trouvé tout à fait mon compte. Je pense que le film avait le potentiel d’aller un peu plus en profondeur, sans pour autant déséquilibrer ou trahir l’optimisme de son récit. Arco, c’est un beau film sensible mais un peu timide.