Avec Zack Snyder aux commandes, la parenté de Army of the Dead et Dawn of the Dead sautait aux yeux : pourtant, là où ce dernier rencontrait son public et lançait toute une carrière de réalisateur, le nouveau-venu prête davantage à la grimace circonspecte en sa qualité de monstruosité autoparodique désastreuse. Car telle est l’expérience de visionnage prodiguée par ce Snyder se regardant dramatiquement le nombril, sans que nous comprenions l’intérêt du bousin ou de sa démarche au global.
Et cela ne tient pas tant qu’à ses seules resucées, tel ce générique rappelant évidemment l’ouverture de Watchmen, au contraire : car si l’exercice de la référence, pour ne pas dire redite, pouvait caresser dans le sens du poil l’aficionado avide, la paresse de son exécution se couple ici à une sommité de nullité narrative, de mauvais goût jamais drôle et de transgressions n’ayant que le nom. De facto, ses fondations ne tenaient guère debout à l’image de son pitch improbable et de sa scène d’ouverture cousue de fils blancs, signes avant-coureurs d’un développement lui-même suspendus entre poncifs (formation de « l’équipe ») et objectif peu à peu dénaturé (la fortune mais à quel prix).
Néanmoins, c’est bien du côté des invraisemblances qu’Army of the Dead décroche la timbale, celui-ci n’étant même pas foutu de respecter les propres règles de son univers zombifié, celles-ci se voyant manipulées dans le sens d’une intrigue clopinant à grand-peine : c’est dans cet ordre d’idée que son ultime tomber de rideau prend ainsi de grands airs putassiers, désireux de s’arroger une verve ironique et noire… sauf que non, cela fait pschitt (pour rester poli). Bref, à l’instar d’une atmosphère plate et d’une tension en berne (le danger n’est jamais que réglé sur courant alternatif – et nous voyons tout venir), le long-métrage n’en devient que plus étrange, pour ne pas dire lunaire, au point de saborder l’ensemble de ses potentialités.
Celles épiques en souffrent d’ailleurs tout particulièrement, y compris en ce qui concerne la patte technique habillant Army of the Dead, sorte de manifeste de tout ce qui ne convient pas avec le tout-numérique, un comble lorsque l’on sait de quoi était jusqu’ici capable Snyder avec la pellicule. Ses détracteurs, nombreux, y verront donc une occasion en or, un pain béni presque trop facile, tandis que ses fidèles ne pourront que prendre acte du désastre.
Il ne serait ainsi pas exagéré de dire qu’il n’y a rien à sauver, si ce n’est, paradoxalement, des incongruités et excentricités venant rythmer un divertissement malhabile capable de surprendre… nous sommes réduits à bien peu de choses en somme. Catastrophique mais riche en rires jaunes, Army of the Dead se veut riche d’enseignement à sa manière quant à ce qu’il convient de ne surtout pas faire avec une caméra et un script. Misère de misère.