Artemis Fowl
3.4
Artemis Fowl

Film de Kenneth Branagh (2020)

Déjà responsable de l’horrible adaptation du Crime de l’Orient-Express sortie en 2017, Kenneth Branagh continue sur sa lancée et offre à l’année 2020 – année décidément douloureuse – l’un de ses pires divertissements grand public (à considérer qu’il en ait un, de public). Les premières minutes suffisent. Un récit abracadabrantesque qui mélange mythologies et influences – on pense à Harry Potter, à Epic, à Men in Black… – dans un grand mixeur, une caractérisation des personnages calamiteuse puisque recyclage de tous les poncifs habituels dans ce genre de production, du jeune scientifique surdoué au père mystérieux et enlevé, du garde du corps costaud mais rigolo à l’ami second degré (le fameux « nain géant »), une imagerie hideuse faite d’une bouillie numérique aussi écœurante qu’illisible…


Non seulement le réalisateur échoue à construire un univers un tant soit peu cohérent et intéressant, mais il ne réussit même pas à proposer un film correctement charpenté : les sauts temporels sont grossiers, le choix – et quel choix, on n’en peut plus de ce choix – de commencer par la fin pour revenir au début confère à l’ensemble un faux suspense, les acteurs sont mal dirigés ou ne savent pas jouer (mention spéciale aux jeunes acteurs). Même Judi Dench a conscience de la galère générale et passe son temps à grommeler en lançant des piques à tout le monde : « je sens que ça va être une belle journée », indique-t-elle au spectateur, aussi blasée que lui, avant de partir au combat.


Mais surtout, s’il fallait trouver un défaut plus souterrain, relatif à l’engagement idéologique du long métrage, ce serait cette idée selon laquelle toute l’histoire et la puissance des civilisations se résument à la possession d’un simple objet magique, le fameux « Aculos » dont on nous répète et répète encore l’importance. Ou comment troquer l’âme et la culture d’une civilisation contre un objet à récupérer et à conserver, faisant du chercheur et de l’historien des consommateurs. Nulle magie, nul choc des cultures, nulle réflexion sur les croyances au fondement de la civilisation, non. Ce qui reste n’est que bruit et pixels moches sur fonds verts. Car à quoi bon vanter l’Irlande comme réservoir de fictions, si c’est pour accoucher d’un produit aussi bâtard et dépourvu de potentiel imaginaire ? Kenneth Branagh réussit à donner aux côtes irlandaises une impression de facticité, comme retouchées ou recrées sur ordinateurs. Il fallait le faire.

Créée

le 14 juin 2020

Critique lue 750 fois

7 j'aime

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