“Les chevaux sauvages”

Antoine et Olga ont quitté la France pour s’installer en Galice. Leur petite exploitation maraîchère et la restauration d’anciennes cahutes combleraient leur bonheur si une sombre histoire d’éoliennes n’envenimait pas les relations de voisinage.

L’ouverture est prodigieuse. Dans un ralenti esthétisant, des « aloitadores » se jettent sur des chevaux sauvages et les attrapent par l’encolure pour les immobiliser. La séance de lutte entre l’homme et l’animal ressemble à une chorégraphie érotisée qui ne peut aboutir que par la défaite de l’un ou de l’autre. Cette tradition de force ancestrale fera écho à une scène plus tardive, littéralement terrassante. Dans cette région reculée d’Espagne du Nord, il y a ceux qui y ont suivi leur rêve quand d’autres ne rêvent que d’en sortir. L’opposition des points de vue est telle que l’atmosphère en devient électrique. L’étranger a l’allure d’un conquistador envahissant, alors que les locaux passent pour des cul-terreux incapables de comprendre. Le film emprunte des motifs au western, puis au thriller, voire à l’horreur. Déjà maître en son royaume, Rodrigo Sorogoyen impressionne encore. Choix judicieux, il fait de l’impressionnant Denis Ménochet, un colosse aux pieds d’argile, proie désignée d’une meute qui n’a l’air de rien. Mais dans cette guerre de tranchées, la délivrance pourrait venir des femmes, assurément les plus fortes.

(8/10)

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