Parfois, on tombe sur un film tellement mauvais qu’il en devient presque fascinant. Assassin's Bullet d'Isaac Florentine (2012) est de ceux-là : une œuvre qui parvient à transformer un concept prometteur en une expérience cinématographique soporifique, avec une application presque artistique. Ma note de 1,5/10 est sévère, mais justifiée : à ce niveau d'échec, c’est presque un exploit.
L'intrigue nous promet un jeu de piste haletant contre un mystérieux assassin justicier. En réalité, c'est plutôt une longue promenade dans les couloirs du néant narratif. Les rebondissements tombent à plat, les dialogues frôlent parfois l'auto-parodie, et on en vient rapidement à se demander : est-ce un thriller ou un somnifère expérimental ?
Christian Slater, dans le rôle principal, semble osciller entre l'ennui profond et la résignation. Donald Sutherland, quant à lui, donne l'impression d'avoir accepté ce rôle pour financer des vacances. Elika Portnoy essaie tant bien que mal de donner vie à un personnage aussi consistant qu'une feuille de papier froissée. Le spectateur, témoin impuissant de ce naufrage, finit par compatir... un peu.
Isaac Florentine est censé être un spécialiste de l'action musclée. Ici, c’est plutôt l’action molle : des poursuites molles, des combats mous, une tension narrative aussi tendue qu'un élastique cassé. La photographie, d’une grisaille déprimante, aurait presque pu créer une ambiance... si elle n'avait pas surtout donné envie d’éteindre la lumière pour pleurer en silence.
À sa décharge, le film tente parfois une touche de style : quelques cadrages cherchent timidement à évoquer l’élégance européenne. Mais ces tentatives sont rapidement englouties sous un océan d'approximation, comme un radeau en papier dans une tempête.
Assassin's Bullet est une œuvre curieuse : un thriller sans frisson, un drame sans émotion, un film d'action sans action. C'est presque une performance conceptuelle. Malgré tout, et par respect pour l’effort (si minime soit-il), on retiendra que même les ratés ont leur utilité : nous rappeler que faire un film reste un art difficile… surtout quand on oublie le scénario, la direction d'acteurs et la mise en scène au vestiaire.