Le cinéma de Wes Anderson, aussi agréable à regarder puisse t'il être, est en déclin. Si The French Dispatch était l'amorce d'une inquiétude générale concernant les capacités du réalisateur à véhiculer avec maestria émotions et plaisir esthète, Asteroid City est l'étincelle qui confirme le brasier cinématographique.
J'ai pourtant, comme beaucoup, une affection sincère pour le cinéma du monsieur, dont le visionnage de sa Famille Tenenbaum durant mon année de Terminale m'avait marqué durablement par sa puissance évocatrice. Mais ce nouveau venu dans l'écurie confirme une crainte que j'ai avec un autre réalisateur ayant le même problème avec sa propre patte : Quentin Dupieux, et sa tendance à industrialiser ses projets, en les enchaînant inlassablement sans s'arrêter.
Avec Asteroid City, la vacuité est de mise, la théâtralité exacerbée, et le casting pléthorique à l'excès. Vacuité d'abord, car les émotions ne pointent que trop rarement le bout de leur ombre, malgré le touchant duo Scarlet Johansson/Luke Wilson. La théâtralité exacerbée, car si elle fait de base partie du processus artistique de Anderson, elle devient désormais un rempart aux possibles émotions émanant des personnages. Enfin, le casting délirant en devient ici gênant, voyant apparaître quantité de têtes d'affiches tentant en vrai de grappiller de maigres moments d'apparition (Margot Robbie en devient anecdotique, là où le rôle surprise de Goldblum oscille entre blague et humiliation étrange).
Dans un final méta absurde, Wes Anderson confirme implicitement n'avoir pas grand chose à raconter avec Asteroid City, si ce n'est proposer une succession de plans léchés, mais dont l'effet de surprise s'est terni depuis de nombreuses années.
Reste désormais à espérer un renouveau, car à l'inverse, c'est une parodie de lui-même qu'est en train de devenir Wes Anderson, et je le regrette amèrement.