Coincée à Asteroid City, un trou (au sens littéral) en plein milieu du désert, une troupe hétéroclite de personnages va partager quelques jours en attendant le retour d’un alien.
Dès les premières images, superbes, on sait immédiatement où l’on est. Oui, c’est bien un film de Wes Anderson. Le premier cadrage ne laisse aucun doute et les tik tokeurs qui pillent les gimmicks du réalisateur sans chercher à les comprendre savent qu’ils vont se régaler. Le travail sur les couleurs est splendide, l’image est léchée comme jamais, délicieuse nostalgique et totalement pop. Bref, c’est un régal pour les yeux.
Là où Anderson nous gâte encore, c’est avec un casting de malade où la moindre silhouette est incarnée par un acteur de renom. C’est très chic, mais ça ne gâche rien, même si l’apparition d’un visage connu dans le cadre peut parfois distraire. Anderson en est peut-être conscient avec un générique expéditif qui défile bien trop vite pour que l’on puisse retenir tous les noms proposés.
Parmi les habitués, Jason Schwartzman, fidèle depuis toujours, est de la majorité des plans et de révèle un parfait support pour les obsessions d’Anderson. Déjà présente par la voix dans l’Île aux Chiens, Scarlett Johansson fait son entrée en chair (toujours admirable) et en os dans l’univers du cinéaste texan. Et elle s’y révèle parfaite. Magnifiée par les cadrages d’Anderson, elle est simplement divine. Autre nouveau venu, et pas des moindres, Tom Hanks interprète un rôle qu’on jurerait écrit pour Bill Murray. Hanks se fond dans l’univers d’Anserson sans problème et il mériterait probablement un rôle avec plus de consistance.
Et c’est d’ailleurs là que se situe le gros point faible du film. Ce qui se passe à Asteroid City n’est qu’une succession de vignettes. Certaines sont sublimes, d’autres plus anecdotiques. Au final, les personnages y perdent en profondeur et le récit souffre d’un évident manque de rythme.
Clairement, Wes Anderson a failli sur le plan de la narration. Que ce soit dès l’écriture. Ainsi, faire de la partie en couleur du film une représentation méta d’un pièce de théâtre que les comédiens et dramaturges créent devant nous dans des séquences en noir et blanc n’était pas forcément une bonne idée. Cela empêche, en tout cas, de s’attacher à des personnages qui ne sont, au final, que des incarnations. Et cela nuit surtout au rythme. Autre élément essentiel de la narration, le montage est globalement paresseux. Chez Anderson, le montage a toujours participé à la construction de l’univers, jusqu’à devenir l’élément principal de la narration de Grand Budapest Hotel. Ici, ça ronronne doucement.
Asteroid City reste un bon film, mais ne bouleversera pas la cinématographie de Wes Anderson. Plus enthousiasmant que The French Dispatch, il confirme néanmoins que le texan connaît un coup de mou narratif, tout juste compensé par ses incroyables aptitudes visuelles.