Ethnologie pop

Dans ce film, à l'instar des documentaires animaliers que l'héroïne apprécie regarder, la réalisatrice cherche à observer les comportements humains comme si elle étudiait ceux d'une espèce différente. Et, de la même manière que lorsqu'on voit les rituels amoureux ou familiaux de gorilles ou de chimpanzés, elle s'amuse de constater à quel point nos pratiques peuvent, avec du recul, paraître bizarres.

Ce faisant, elle évite les deux grands pièges qu'une telle entreprise pourrait connaître. D'une part, elle ne se vautre pas dans un exercice misanthropique qui, bien souvent, renseigne davantage sur la fatuité insupportable de son auteur que sur un réel examen intéressant de l'espèce humaine. De l'autre, le recul qu'elle prend pour mettre en scène la condition humaine est suffisamment subtil pour créer un léger décalage sans pour autant nous rendre complètement hermétiques au sort de ses personnages.

Cette finesse se retrouve d'ailleurs dans sa capacité à jouer avec les contrastes. Attenberg est un film profondément burlesque, baignant dans une atmosphère pop qui n'est pas sans rappeler certains films de la Nouvelle Vague française, mais qui reste pourtant morne, presque dépressif, à l'image de ses tristes décors d'une Grèce industrielle en crise. C'est un film qui met en relief la noirceur de l'existence humaine, de ses deuils, de la difficulté à s'adapter à ses pratiques, à ses rituels objectivement absurdes, de sa médiocrité même, mais qui dans le même temps met en lumière tout ce qu'il y a de beau en elle, dans les rapports humains, même lorsqu'ils sont bancals. Et tout cela sans jamais être ni niais ni cynique, juste humain.