Père-feuille-ciseaux

Pour son douzième long-métrage, Park Chan-Wook a choisi d'adapter le roman noir de Donald E. Westlake, The Ax publié en 1997. Roman qui fut déjà transposé à l'écran par Costa-Gavras en 2005 dans une version plus que convaincante. On pourrait d'abord s'étonner de ce "choix" de la part du réalisateur et s'interroger sur ses motivations, mais cette histoire à l'humour piquant et cinglant s'avère être un terrain fertile sur lequel le cinéaste sème toutes ses obsessions. L'intrigue suit Yoo Man-su, marié, père de famille et employé comme cadre supérieur dans l'industrie de papier. Il se retrouve du jour au lendemain licencié. Malgré un train de vie confortable et la possession d'une grande maison, cette situation commence vite à devenir compliqué pour lui et sa famille, rapidement les dettes et les refus d'embauche s'accumulent. Se sentant humilié, rabaissé et surement pas à la place où il se doit d'être, Yoo Man-su décide de se venger en éliminant un par un les concurrents directs à son poste d'une entreprise rivale. Sublimé par la musique de Jo Yeong-wook et maitrisant l'art du cadrage ainsi que du découpage comme peu savent le faire, Park Chan-Wook réalise une farce macabre sur la compétitivité et la société d'aujourd'hui. Si Aucun autre choix n'atteint ni l'ingéniosité, ni la grâce de ses deux précédents films, il n'en reste pas moins une plaisante comédie menée d'une main habile. Même si à ce petit jeu-là, Park Chan-Wook ne gagne pas toujours.