You should choose carefully what you tell me, Ava, because you can't un-say it, and I can't un-hear

Alors je veux bien comprendre qu’il y ait un besoin de changer la donne et de créer des « actioner » au féminin, après des décennies de dominances masculines. Mais ça ne veut pas dire pour autant qu’il faut reprendre les mêmes mauvais ingrédients pour refaire les mêmes mauvais films. Si Ava a toutefois le mérite de placer son personnage et ses faiblesses (aussi bien personnelles que familiales) au centre du récit, cela n’empêche pas le film d’être un véritable chaos qui se délite de toutes parts et qui ne sait pas où aller. Non seulement, le pitch de départ est déjà éculé depuis des années et le film ne parviendra pas à proposer quelque chose de vraiment nouveau ; mais l’univers dans lequel il prend place n’a jamais le temps de réellement s’installer. C’est générique, parfois ridicule à en être burlesque (la scène à Ryad ? sérieusement ?), et ça se permet même le luxe d’être ennuyeux.

Au final, même si elles sont bourrées d’autres problèmes, les scènes où Ava est avec sa famille, essaye de reprendre contact, de se reconnecter avec sa mère, d’apprendre de ses erreurs du passé avec Michael ou sa sœur, d’effacer ses dettes… Toute cette partie a le mérite de susciter notre intérêt un tant soit peu, et le film aurait sans doute gagné à se focaliser uniquement sur cet aspect. Même si ça reste très classique dans la forme et le fond, au moins on aurait eu une raison de suivre le personnage. Mais là, tout ça se perd dans une sorte de vendetta complètement artificielle, anarchique et sans réel moteur tant le contexte n’est pas installé. Tout ça pour suivre un chemin banal, sans surprise, qui n’essaye même pas d’être surprenant. On dirait que chaque scène est une pièce de Lego et que l’équipe du film les a agencées sans se soucier de suivre la notice, ou même se soucier de savoir si elles allaient ensemble. Ce qui conduit à un final risible, presque comique tant il est stupide, et qui veut même poser les bases pour une suite qu’on sentait venir à trois mille kilomètres, mais aussi utile que le reste.

Le casting est un peu à la dérive. Si Jessica Chastain porte la plupart des scènes, elle se cantonne pas moins dans un jeu plutôt classique, sans vraiment d’émotion, et qui manque cruellement de charisme dans les scènes les plus importantes. John Malkovich vient montrer sa frimousse et encaisser un chèque, Colin Farrell fait sa sortie du dimanche et en profite pour promouvoir une marque de luxe (sérieux, sa tenue dans le dernier acte ? c’est une blague ? n'est pas James Bond qui veut), Common semble un peu perdu, Geena Davis sort de sa retraite et parvient malgré tout à être la plus intéressante du lot, et le reste ne vole pas très haut (mention à Diana Silvers). Techniquement, ça reste aussi assez classique, même si mieux que le reste : musique de circonstance, décors sympatoches, scènes d’action rythmées et assez lisibles (sans doute le seul réel bon point du film), et le reste de la mise en scène fait son taff, parfois un peu charcuté par un montage qui ne sait pas trop quoi faire.

Bref, Ava montre bien que le soucis avec ce genre de film, ce n’est pas forcément quel est le protagoniste, mais ce qu’on en fait et comment on joue avec l’intrigue. Si on part sur une histoire bancale et éculée dès le départ, il ne faut pas s’attendre à des miracles. La fainéantise se paye cash. J’étais intrigué de savoir ce que le film allait faire avec cette prémices, mais je ne suis pas déçu pour autant car je n’avais pas tant d’attente. Juste désolé de voir le film s’écraser ainsi, qui ne mérite pas mieux.