On ne va pas se mentir plus longtemps, Avatar 2 souffre du même problème que son aîné ; à savoir que c’est très beau, mais que ça sonne un peu creux.


Certains argumenteront que c’est un avantage car cela permet d’observer le paysage sans avoir à se soucier de louper un retournement de situation éventuel. Et c’est vrai, sur ce film qui dure plus de trois heures, on peut piquer une sieste de quinze minutes à l’aise sans être complètement largué au niveau de l’histoire.


Maintenant, j’avoue que l’absence quasi-totale d’intérêt au scénario fait que, aussi beau soit-il, je n’ai pas envie de revoir ce film (et la durée n’a rien à voir là-dedans puisque j’ai déjà revu la trilogie du Seigneur des Anneaux et les Harry Potter les plus longs, sans me lasser). Parce que les méchants sont caricaturaux au possible : on est sur le gros cliché des marines bas du front, qui détruisent tout sur leur passage avant de penser ne serait-ce qu’à réfléchir à quoi que ce soit. Et c’est d’autant plus gênant quand tu te rends compte que, autant toute la famille Sully est développée, autant leurs antagonistes se limitent à Quarritch 2.0 et tout un tas de Jean-Jacques sans aucune personnalité. Clairement, James Cameron a ajouté ces personnages parce que ça fait partie du cahier des charges hollywoodien, sans se poser la question de savoir si c’était important pour les spectateurs ou non (or, tout le monde le sait, le film est réussi quand le méchant est réussi).


Alors, vous allez me dire qu’ils ne servent que d’introduction au troisième volet de la série (et par là, j’entends qu’ils ne seront pas plus utiles la prochaine fois, ils font seulement naître le prochain méchant, tout comme le prochain héros (ou la prochaine héroïne) prend forme du côté des Sully). Argument que j’ai du mal à accepter tant c’est amené avec la finesse d’un tractopelle. Ensuite, on peut aussi m’opposer le fait qu’ils sont clichés justement pour démontrer à quel point le raisonnement de certains humains sur notre bonne vieille Terre est complètement stupide (parce que oui, malheureusement, des personnes de la trempe du baleinier ou de Quarritch, ou même de ceux qui se sont dit que cramer toute la jungle de Pandora pour s’installer dessus serait une bonne idée, eh bien, ça existe). Le problème, c’est qu’empiler les clichés, au bout d’un moment, ça me fait sortir de mon immersion. On a compris que la mer et ce qu’il y a dedans, c’est beau, et que les humains sont cons comme des pieds de table, mais 3h30 pour dire ça, c’est long.


Surtout qu’à côté des clichés, il y aussi beaucoup d’incohérences qui ont fait froncer plus d’une paire de sourcils. Déjà, dès le début, on se paie le divin enfant sorti du corps d’un personnage supposé décédé (ok, je pense que certains ont loupé deux, trois infos en cours de bio). Dans la foulée, nous avons l’enfant Kinder Surprise, inséré aux forceps parce qu’il sera utile plus tard. Et tout de suite après, nous avons le tour de magie qui permet de ressusciter le méchant du premier volet parce qu’on n’a pas assez d’imagination pour en créer un nouveau (ah non, pardon ! C’est parce qu’il est nécessaire de le faire revenir puisqu’il y a l’enfant sorti du chapeau auquel il est lié (ou comment se tirer deux fois une balle dans le pied en même pas trente minutes de film)). Après, je pourrais parler de la shamane qui ne percute pas l’importance des pouvoirs de Kiri, le fait que seuls les enfants apprennent à respirer sous l’eau (Jake et Neytiri se sont manifestement contentés de faire du macramé sur la plage pendant que leurs gosses bossaient), que tous les Na'vi de Pandora parlent la même langue (c'est bien connu, sur Terre, tout le monde parlent le même langage), que les Na'vi de l'eau ont un sens de l'humour très particulier (manifestement, envoyé un gosse à la mort, c'est rigolo...), que tous les Na’vi de l’eau disparaissent mystérieusement quand vient le moment du duel final, etc.


Après, il y a quelques trucs que je n’ai pas pigés (pourquoi tuer les Tulkuns au large est moins grave que de les tuer dans le lagon ?), mais à la limite, ce n’est pas ce qui m’a le plus dérangé. Non, j’avoue, ce qui m’a le plus sortie de l’immersion dans cet univers qui avait tout pour me plaire pourtant (j’adore les mondes marins), c’est la musique. James Horner nous ayant malheureusement quitté, la question de la reprise du flambeau se posait en effet. D’autant plus que la patte d’Horner se reconnaissait à des kilomètres sans pour autant gâcher la puissance de ses morceaux. Et là, ça a été la déception ultime. Zéro nouveauté, zéro prise de risque, zéro intérêt. Simon Franglen s’est contenté de faire tourner le CD de la bande originale du film 1, sans rien y apporter de nouveau (si ce n’est la musique de fin qui est fadasse au possible). Et, pour quelqu’un comme moi qui est très attaché à la musique, c’est un énorme point noir. En effet, le premier film avait deux qualités : son esthétique et sa musique. Avatar 2 n’a plus que l’esthétique pour lui. Nous sommes vraiment sur un pur copié-collé sans aucune chaleur ce qui, pour moi, brise toute l’émotion de certaines scènes (pire, je suis passée à côté de celles-ci justement parce que je me disais : « tiens, je reconnais cette musique »). Et c’est dommage, la présence évidente de la culture Maori aurait pu ajouter un plus à la nouvelle bande originale.


Mais le film n’a pas que des défauts, loin de là. Je soulignerai qu’au-delà de l’aspect technique, Avatar 2 a pour lui de prendre son temps. Et à une époque où l’heure est à l’épilepsie visuelle, ça fait un bien fou. Ici, on se pose, on regarde le paysage, on développe tranquillement les histoires des différents personnages. Personne ne se téléporte comme par magie au bon endroit et personne n’apprend des trucs nouveaux à la vitesse de la lumière. On respire, on se la coule douce sur une autre planète pendant plus de trois heures, ça fait plaisir.


Et c’est d’autant plus plaisant que ce film est d’une lisibilité incroyable. La caméra est posée, fixée. Les personnages ne sont filmés en gros plans que lorsqu’ils parlent, la caméra s’éloignant au moment des phases de combat afin que l’on puisse comprendre ce qui se passe. Il n’y a pas eu un instant où je me suis demandé ce qui pouvait bien se passer, à qui était ce bras, ce pied, cette oreille. C’est clair, c’est net, c’est précis, c’est reposant. J’en ai marre des caméramen avec leur Parkison et mon oreille interne remercie grandement M. Cameron de lui avoir épargné de bosser pour rien.


Et... c'est à peu près tout.


En définitif, Avatar 2, c’est creux et plat en termes de narration, de musique et de personnages, mais c’est beau et reposant. Avis aux amateurs.

NicodemusLily
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les plus belles claques esthétiques et Zyeutés en 2022

Créée

le 6 janv. 2023

Modifiée

le 6 janv. 2023

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NicodemusLily

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