3h12 ! Putaing, 3h12 !

Autant, je l'attendais avec une certaine impatience (je suis de ceux qui ont été facilement enchanté par la naïveté efficace du premier), autant 3h12, ça me fatiguait d'avance et pour trouver un créneau et par peur de trouver ça terriblement long et parce que je n'ai pas une vessie sans fond.


Et bien, c'est passé comme une lettre à la poste (enfin, période PTT) !

James Cameron sait faire des films et vient nous le rappeler en sortant une suite de son petit blockbuster familial 13 ans après alors qu'on commençait à avoir des doutes sur la qualité globale de son univers.


Je suis bien conscient que la saga Avatar n'est pas fabuleuse en matière de scénario, c'est un énorme blockbuster à destination du public le plus large possible qui peut se résumer à une histoire de cow-boys et d'indiens.

J'aimerais, comme beaucoup sans doute, un peu plus de finesse, de subtilités, de densité dans cet univers et c'est et restera sans doute le gros point noir d'Avatar.

Et peut-on vraiment lui reprocher de simplement faire du grand spectacle avec une belle histoire ? C'est ce que Disney propose depuis des dizaines d'années en réussissant bien régulièrement, c'est ce que fait Star Wars, c'est ce que fait Mad Max (le côté enfantin en moins), c'est ce que fait Transformers (mais en version raté).


C'est vrai que de ce point de vue, Avatar 2 la voie de l'eau, etc. s'érige en partisan du moindre effort, on évite le récit vaste d'une guerre globale entre deux espèces pour proposer une histoire de vengeance qui va durer 3h en reprenant peu ou prou le même principe que dans le premier.

Sauf que cette suite laisse tomber le récit de guerre pour le remplacer par le drame familial et que James Cameron semble plus heureux de nous offrir de la belle image et de nous faire découvrir de nouvelles facettes de son univers qu'autre chose.

Et mine de rien, c'est culotté en plus d'être d'une fluidité extraordinaire.

En quelques minutes, on se débarrasse de l'essentiel, la situation est exposée, les éléments sont données, on peut profiter d'une bonne heure de docu sur "la découverte de la côte tropicale de Pandora et sa faune locale" sans les commentaires de David Attenborough pour finir avec une bonne presque heure de bataille navale. Et le tout sans temps mort, en passant de la contemplation phénoménal à l'action viscéral.

On ne se rend même plus compte que l'espèce humaine a été effacé du récit et que seul les Na'vis sont maître à bord avec aucune compassion pour les précédents.

Féminisme ou paternalisme ?

Reste le cas des personnages plutôt ambigus. Pas assez travaillés ? caricaturaux ? douteux ? Encore des reproches que j'accepte plutôt facilement, James Cameron ne révolutionne pas la figure héroïque à l'américaine ni le mode de pensée occidental conservateur et choisi simplement d'en garder l'essence du premier : le retour à la nature, l'humanisme (et c'est fort cocasse), l'entraide, l'écologie, etc. C'est binaire, c'est blockbuster.

Personnellement, j'ai donc fait un choix : depuis le premier volet, je considère Jake Sully comme un con, c'est un troufion pas bien malin dont la seule et principale qualité c'est d'avoir un bon fond (et des compétences militaires bien utiles dans le cas présent) et un minimum de réflexion charitable qui le fait se ranger du côté des opprimés.

Dans ce deuxième épisode, plusieurs années après, on constate qu'il n'a pas beaucoup changé, il est devenu un père de famille qui donne des ordres, qui n'écoute pas sa femme et que ses enfants appellent "chef", c'est un soldat à la base, il n'a toujours pas beaucoup de compétences sociales mais a encore et toujours un bon fond.

Le reste du panel de personnages masculins est composés d'ados en pleine crise et d'un bad guy un peu plus construit que précédemment (un clone 2.0 sans doute) et on ne peut nier que ce sont eux qui accaparent l'essentiel des dialogues du film.

Cependant, seul les personnages féminins énoncent les bons choix et prennent les bonnes décisions quand, tout simplement, elles ne sont pas occupées à sauver tout le monde.

Si on écoute les conseils de Neytiri depuis le début, le film serait bien plus court et sans Kiri, toute la famille décède. Seulement, elles n'ont pas ou que très peu droit à la parole.


Et comme, jusqu'au bout, le film ne propose pas de remise en question et se termine par quelques mots bien trop simplistes du pater familias, j'estime avoir droit de faire un choix dans ce spectacle, celui d'ignorer certains héros pour en trouver d'autres.


Bref, le plus surprenant dans tout ça, c'est que même après 3h12 à regarder de vastes étendues d'eau dans tous les sens, je n'ai même pas eu envie de vider ma vessie.


Yoann_O_Bedlam
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le 11 janv. 2023

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Yoann O'Bedlam

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