Après une phase 2 inégale bien que globalement supérieure à la première, « l’ère d’Ultron » clôt ce chapitre en grande pompe. Non seulement il retrouve les précédents héros qui ont vécu leurs propres aventures entretemps, mais il introduit en plus de nouveaux personnages. Inconnus pour les néophytes, ces derniers revêtent une toute autre importante pour les lecteurs de comics, qui s’impatientaient de voir à l’écran la puissante Sorcière rouge. Voir comment ces nouveaux personnages allaient s’intégrer avec les anciens, avec le savoir-faire made by Whedon, était plus qu’intriguant, avec un intérêt renforcé par des bandes-annonces montrant des combats en plusieurs endroits du monde, des scènes d’action variés selon les pouvoirs de chacun.


Pour rappel, l’invasion Chitori avait poussé les Etats-Unis à renforcer leur armement, dans la crainte d’une prochaine invasion. Ce qui avait conduit à la corruption du SHIELD par l’Hydra, qui a du être démantelé, laissant une Veuve Noire sans employeurs, et à un Tony Stark angoissé, se sentant terriblement impuissant à affronter ce genre de menaces.


C’est dans ce contexte tendu que nait Ultron. Dans son désir –légitime- d’offrir à la Terre une défense efficace, Tony utilise un pouvoir inconnu pour créer ce qui n’avait encore jamais été crée : une Intelligence Artificiel. Mais sa création ne se produit pas comme prévu, et c’est un esprit détourné de sa fonction originelle qui apparaît, qui a une Vision particulière pour changer le monde. Une conscience nait d’un ancien vendeur d’armes ; un homme égocentrique, qui aime à ce que les gens le voient comme un héros, terrifié par sa propre impuissance face à des menaces supérieures ; un homme pragmatique pour qui la fin justifie les moyens. Si « Iron man 3 » avait plutôt peu échoué à montrer le personnage sous une face sombre, la faute incombant à un registre humoristique trop appuyé, « l’ère d’Ultron » offre une représentation plus intéressante. Tony a préféré crée dans le secret son super gardien, suscitant la méfiance envers l’équipe. Des tensions qui les poussèrent même à en venir aux mains (ou quelque soit les armes qu’ils utilisent…). Toujours intègre, l’incarnation de la justice Captain america est son principal opposant. En face de lui, un Steve Rogers plus confiant, qui a fini par trouver ses marques dans cette époque, et c’est en tant que leader naturel qu’il s’intègre dans l’équipe. Une position qui le voit ainsi s’opposer aux manigances d’Iron man. Un prémice au futur schisme qui devrait apparaître dans « captain america : civil war ».
C’est une relation qui pourtant semblait improbable, et pourtant Bruce Banner et Natacha Romanoff se rapprochent. L’ancienne assassine insensible et le pacifiste tourmenté par un double ultraviolent. La belle et la bête. La belle rousse a su voir derrière la bestialité du monstre vert la gentillesse et la sagesse du scientifique. Le moment où la Veuve Noir calme le titan vert est assez touchant. Scarlett Johansson campe une agent plus sexy que jamais devant un Mark Ruffalo gêné par ses avances.
Pour finir, Clint Barton alias Œil-de-Faucon est enfin développé, ce qui manquait cruellement au premier avengers. On lui découvre une famille, un temps de présence allongé, et plus d’interactions, notamment avec les nouveaux venus. On retient notamment sa discussion avec sa femme, au sujet de sa place dans l’équipe. Il semble bien futile face à ses guerriers si puissants, puissants mais faillibles. « Ce sont mes épaves ».
Notons le plaisir de revoir War machine, le Faucon et Maria Hill, donnant une certaine cohérence appréciable, et compenserait presque la frustration de ne pas voir plus souvent les super-héros apparaître dans les films des autres.


Mais le principal atout de ce second avengers, ce sont les nouvelles têtes. Vif-Argent et la Sorcière Rouge, en surhumains perdus qui tentent de trouver leur place. Si dans l’ensemble leurs pouvoirs sont bien exploités de divers façons, avouons que question psychologie Vif-Argent semble quelque peu aussi inconsistant que le vent… En revanche la Sorcière Rouge ne manque pas de charisme. Son pouvoir et ses doutes font d’elle un personnage à laquelle on adhère. Le choix de l’avoir doté de pouvoir télépathique lui permettant d’entrer dans la tête des gens s’avère judicieux, car c’est via cette capacité que les héros sont confrontés à leurs propres démons, l’occasion de les développer un peu plus. Cap est confronté à son époque qu’il ne reverra plus, et la Veuve Noire à son passé d’assassine. Puis il y a Vision, un joli design, une entité quasi divine, à la conscience supérieure, qui ne sera pas de trop face à la future menace qui s’annonce.
Et enfin Ultron. Les super méchants n’ont jamais été bien le fort de Marvel (j’entends Marvel studio). Malheureusement, celui-ci ne dénote pas tout à fait à la règle. Si par sa constitution métallique, sa voie grave, la menace qu’il représente, les conditions de sa création qui en ont font une créature de Frankenstein, symbole de l’orgueil et des faiblesses des hommes, il est plus charismatique et marquant que le chef des Elfes noires et Ronan, il n’arrive pas à la cheville d’un Loki ou d’un Crâne rouge. Dans le genre IA qui se rebelle, il n’a rien de bien original et ses motivations restent classiques.
La faute aussi à là encore un humour trop appuyé qui rend parfois le personnage un peu ridicule. Dommage.


Le début du film commence de manière très efficace, avec une mission conjointe qui voit les Avengers fonctionner de concert, associant leurs pouvoirs via des combos assez particuliers. Une introduction très réjouissante donc. Désormais chacun se connait et a l’habitude de combattre avec l’autre. Ils en profitent même pour se lancer des blagues auxquelles tout le monde participent, blagues à visées plus sympathiques que les traditionnels vannes de Stark. L’esprit d’équipe se ressent, ainsi que le plaisir de Joss Whedon à les mettre en scène (précisons que le créateur de Firefly, Dollhouse et Buffy a également écrit quelques comics). Une union qui ne va pas durer…


D’une manière générale, les effets spéciaux sont très bien réalisés, les pouvoirs s’intègrent très bien à l’écran, les créateurs ont montré leur capacité à jouer du décor, et offrent plusieurs scènes de haute volée, comme les combats aériens entre l’homme de fer et Ultron. Une association de super-héros telle qu’elle ne pouvait apparaître jusqu’à présent que dans les comics. Une maîtrise des scènes d’action qui évite la surenchère, malgré un affrontement Iron man-Hulk un tantinet too much. Non centralisé cette fois sur New York, l’action se déplace en Afrique, Corée du sud, et Europe de l’est.


« L’ère d’Ultron » continue d’élargir le MCU en s’intégrant dans un univers plus vaste, avec la référence au Wakanda (que les lecteurs connaissent comme étant le royaume de la Panthère noire), le trafiquant Klaw et surtout les gemmes de l’infini, préparant lentement et sûrement la confrontation avec Thanos.


Un film qui combine donc effets spéciaux spectaculaires et développement des personnages. Néanmoins, tout n’est pas parfait pour ce dernier point, malgré tout ce qui a été mentionné. On peut certes s’enthousiasmer de montrer une face de Stark plus sombre, mais elle aurait mérité d’être traité plus en profondeur (on est loin des tourments de Xavier ou Magnéto…). L’apparition d’Ultron en ennemi est assez rapide, ainsi que le changement de camp des jumeaux. Ils acceptent un peu trop facilement de combattre à côté de l’homme qu’ils jugent responsables de leurs souffrances. Il y avait sans doute trop de personnages pour pouvoir les gérer tous comme il se devait. On touche là aux limites du format pour ce genre d’histoire.
Marvel a souvent fauté par un humour trop appuyé au détriment de l’intensité dramatique, et malheureusement celui-ci n’y fait pas exception, bien que l’écueil ait pourtant été évité pour le précédent. S’il y a bien quelques répliques savoureuses, à d’autres on sent leur envie de trop en faire. Croisons les doigts pour qu’ils évitent cette erreur pour Civil War…


Ces défauts expliquent sans doute la déception de plusieurs personnes, mais elle doit surtout je pense être associé à une lassitude qui a commencé à apparaître lors de la phase 2. J’ai un peu l’impression qu’on reproche à ce film de montrer la même équipe qui combat de la même façon…(en même temps c’est un peu normal non ?). Certes il n’y a plus la fraîcheur du premier. Il est vrai que si Avengers premier du nom clôturait la phase 1 et lançait véritablement l’univers étendu de marvel, le second Avengers apparaît en quelque sorte comme un marvel de plus parmi tant d’autres.
Le lien avec un univers plus vaste ne semble pas être toujours compris. Beaucoup ont ainsi trouvé l’intrigue de Thor, qui permet de relier l’histoire aux fameuses gemmes de l’infini, inutile. Là où certains y voient un processus créatif, d’autres semblent n’y voir qu’une manœuvre marketing. Il y a sans doute un peu des deux.


Puis généralement, j’ai l’impression que c’est comme si Marvel, par ses multiples productions, était devenu l’incarnation du blockbuster décérébré et commercial qui veut soutirer de l’argent aux pauvres spectateurs qui se font avoir par les sirènes d’Hollywood. C’est oublié un peu vite les fast and furious 7 et autres mauvais transformers…. Marvel est quand même en train de construire ce qui n’avait encore jamais été fait avant au cinéma (pour le bon et le moins bon…).
Si la lassitude se fait déjà ressentir, j’ai peur pour la déferlante de films super-héroïques qui va suivre…


Mais je m’en fous, G’emme quand même !

Enlak
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le 28 avr. 2015

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