Avignon met en lumière ces petites compagnies théâtrales qui se battent pour survivre. Ce sont les longs trajets en fourgon pour rallier les théâtres. Ce sont les prêts contractés pour payer l'essence, le gite et le couvert. Ce sont les directeurs des salles à convaincre de produire leur pièce. Le travail du metteur en scène qui consiste autant à travailler sur le texte qu'à gérer les problèmes administratifs.
Avignon oppose deux visions du théâtre. Une vision intello avec des artistes profondément snobs (Agnès Jaoui le montrait déjà dans Le Goût des autres) pour qui le théâtre, la scène, le jeu, c'est avant tout jouer des classiques et susciter des émotions. Et une vision plus populaire où le théâtre est vu comme un grand divertissement où le public paie sa place pour se marrer un bon coup devant un bon boulevard. Moi, j'ai testé les deux à l'école pour voir du Molière et comme simple spectateur pour du théâtre pour enfant ou des comédies. Et j'ai aimé les deux. On prend du plaisir à regarder car on voit les comédiens prendre du plaisir à jouer.
Avignon, c'est aussi et surtout une romcom marrante avec deux excellents acteurs principaux et des seconds rôles soignés eux aussi. Un metteur en scène exigeant, un régisseur distrait, le bon pote un peu lourd, la copine déjantée. Jouer Rodrigue pour espérer séduire une fille dans une pièce aussi chiante, enfin je veux dire aussi intemporelle, que Le Cid, c'est quand même super romantique non ?