Ayyappanum Koshiyum, de Sachy. Une nuit, un barrage de flic, quelque part dans la forêt du Kerala. Alors que les policiers s’apprêtent à lever le camp, une voiture approche, à l’intérieur un type enivré et son chauffeur. Le contrôle se passe mal et le type finit au poste. Alors que la plainte est enregistrée, les flics jettent un œil au téléphone du type pour mater ses contacts et se rendent compte qu’ils ont affaire à un gros poisson. C’est ainsi que débute cette effarante histoire. On demande au chef des flics, Ayyappan, d’être sympa avec ce mec, Koshi, mais ce dernier s’est vexé, alors quand il sort de ses 12 jours de cabane, il va chercher à se venger. Et c’est le début d’un engrenage de haine et de tours pendable. C’est l’escalade de la violence. À partir de là, Ayyappan & Koshi (le titre du film) va tricoter avec un brio une intrigue hyper ludique où les deux types vont chercher à se mordre les jarrets et se faire 1000 misères. Un dispositif qui rappelle peut-être un peu plus les outrances latines d’Alex de la Iglesia (Muertos de Risa, forcément) que la froideur picturale du Duellistes de Ridley Scott, mais qui garde toute son originalité. Parce que la haine n’est pas un long fleuve tranquille, et celui qui a provoqué tout ce bordel va rapidement être dépassé par la situation, comprenant qu’il a peut être eu tort, cherchant un chemin de rédemption mais que les tartes qui volent vont rendre impraticable. Mis en scène avec dynamisme dans un cadre exaltant, le film bénéficie en plus des prestations convaincantes de son casting : Dans le rôle de Koshi on retrouve Prithviraj Sukumaran (génial dans The Goat Life), parfait dans le rôle de Koshi, face à lui, Biju Menon dans le rôle d’Ayyappan est à la hauteur et les deux acteurs tiennent le film sur leurs épaules avec une virtuosité excitante et délicieuse. Les seconds rôles sont à l’unisson, notamment la femme d’Ayyappan, jouée par Gowri Nandha, qui bénéficie d’une scène aussi percutante que désopilante. Globalement, c’est très très bien foutu, mais le film explose par moment, dans des scènes extrêmement bien huilées, polies par un savoir faire évident, et qui sont fascinantes à voir. Toute l’introduction dans le commissariat, culminant sur la lecture des contacts du téléphone, est maitrisée au poil et révèle la précision de l’écriture et de la mise en scène. C’est vraiment du beau travail et c’est difficile d’expliquer à quel point le scénario est truculent, inventif et merveilleux sans en révéler les articulations, oscillant entre le thriller psychologique éprouvant, le drame social et la comédie burlesque. La direction que prend, in fine, le film est une surprise délicieuse, laissant le spectateur repu, une grosse banane vissée en travers d’une goule béate.

MelvinZed
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le 7 mai 2025

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