Même si le premier volet souffrait de quelques faiblesses (au niveau de la structure narrative, principalement, avec une progression non-linéaire assez éprouvante), on pouvait sentir qu'il s'agissait surtout de préparer le terrain pour la suite. Et ça ne manque pas : "L'Enfant massacre", deuxième volet de la série, reprend les codes esthétiques initiés dans "Le Sabre de la Vengeance" et les pousse jusqu'à leur paroxysme. Et autant dire que ça tranche sévère : la toute première scène sacrificielle donne le ton.


C'est tout le travail d'expérimentations sonore et visuelle qui prend son sens et produit ses meilleurs effets. Débarrassé du superflu, l'histoire d'Ogami Itto accompagné de son fils Daigoro devient le théâtre d'expériences formelles qui font mouche. Le samouraï pousse son chariot et son bambin à travers des lieux toujours différents, rappelant ainsi les niveaux d'un jeu vidéo (comme pouvait aussi le rappeler certains films produits par la Shaw Brothers). Avec toute une batterie d'adversaires différents, dotés de nouvelles armes, la difficulté allant crescendo. Les combats ont beau être expédiés en deux temps trois mouvements la plupart du temps, à grand renfort de geysers sanguins et de démembrements créatifs, l'inventivité est telle qu'il est impossible de s'ennuyer. Particularité (une parmi d'autres) de cet épisode : une séquence de combat en surimpression, avec un plan pour Itto et un autre pour ses adversaires successifs. Le combat n'est pas dans chacun des deux plans, mais dans leur superposition. Et toujours ces silences inquiétants au cours desquels seul le bruit des lames qui tranchent les chairs résonne.


Et en matière de gore, ce volet va encore un peu plus loin dans le concept. D'un côté, une horde de ninjas assassines, sortes d'amazones nippones, encore plus violentes que leurs homologues masculins (il faut voir cette séquence où des bouts de corps volent dans tous les sens...) ; de l'autre, un trio de vilains calmes et mesurés (un archétype que Carpenter reprendra, avec armes et costumes, dans "Big Trouble in little China"). Le film se paie même le luxe d'une petite séquence psychédélique à base d'hypnose vestimentaire. Le sang imprègne toutes les textures, il coule et gicle de partout, à travers les murs, à travers le sable. La séquence dans le désert est à ce titre magnifique, et se termine sur une note étonnamment sereine après un énième carnage. Belle image que celle du sang jaillissant finement d'une plaie à la gorge, et dont le sifflement rappelle celui du vent. Une accalmie qui en rappelle une autre, plus tôt dans le récit, où Itto et son fils pactisaient temporairement avec une ninja ennemie pour se réchauffer. Sensuelle survie.


[AB #114]

Morrinson
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le 1 août 2016

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