Après l'épure du magnifique Oslo, 31 août, dans lequel il s'attachait passionnément et intensément à suivre l'itinéraire de son héros durant les dernières vingt-quatre qui allaient le conduire à l'accomplissement de son destin, Joachim Trier nous livre ici un film virtuose, qui parvient à démêler l'écheveau des réactions entourant le deuil d'une femme photographe, reporter de guerre.


Autour de cette disparition, se croisent et se nouent ainsi l'itinéraire d'un mari, de deux fils, d'un amant... Dans l'exploitation de cette matière presque trop riche et foisonnante - car l'aîné des enfants ne se contente pas d'être fils, mais devient lui-même père... -, Trier excelle toujours à filmer l'invisible, le flux mental qui anime ses personnages ; telle cette lecture orale qui, quoique scolaire et ânonnante, transporte le cadet qui l'écoute au plus profond de son vécu intime et des événements qu'il a dû affronter ; au point de le faire tomber amoureux de la piètre lectrice qui lui a procuré cette émotion...


Trier est indéniablement un grand cinéaste et un immense directeur d'acteur. Mais on ne peut se défendre d'une certaine hâte à le voir regagner, pour ses intrigues, le cadre sobre et dense de son grand nord et un fil narratif plus concentré, quitte à être plus resserré.

AnneSchneider
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le 27 déc. 2015

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Anne Schneider

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