C'est un film que j'ai vu il y a longtemps, probablement à la télé et qui ne m'avait pas spécialement inspiré. Le titre qui est une magnifique fausse piste (Bagdad, un peu comme Paris Texas…) ou encore le sujet un peu artificiel (une touriste allemande larguée en plein désert Mojave). Peut-être.

Et puis, là, pour les mêmes raisons, j'ai accroché. Va savoir pourquoi ! Le film se contente de rassembler dans un même lieu divers personnages qui, en temps normal, en ville par exemple, se seraient croisé sans probablement se rencontrer.

Et là par la magie (attention, c'est presqu'un spoil …) d'un des personnages, non seulement les gens se rencontrent mais créent une communauté.

Bon, d'accord, il y a aussi cette chanson entêtante mais très belle "Calling You" interprétée par la chanteuse de gospel Jevetta Steele qui ne m'a pas laissé indifférent. Mais ce n'est pas suffisant comme raison.

Déjà le lieu est particulier puisqu'il s'agit d'un motel miteux sur la mythique Route 66, au milieu de nulle part, en plein désert Mojave. Les personnages sont des marginaux ou plutôt des gens qui sont devenus marginaux par la force des choses. Comme cet ancien décorateur à Hollywood (Jack Palance) qui a largué toutes amarres et qui vit dans une caravane à proximité. Comme la patronne du café (CCH Pounder) toujours ulcérée et qui en veut à la terre entière de son sort calamiteux. Vu sa capacité d'accueil, il faut vraiment avoir soif pour s'arrêter au café. Comme le fils de la patronne qui en branle pas une, sauf à jouer, à longueur de journée, au piano des morceaux de Bach, son idole. Ou encore la fille de la patronne, normalement chargée du ménage des chambres mais qui préfère sortir et faire la fête. Ou encore le barman qui préfère nettement pratiquer la sieste. J'allais oublier, le gars sorti d'on ne sait où et qui n'a qu'une passion, le lancer du boomerang.

Et puis arrive, cet OVNI, une touriste allemande (Marianne Sägebrecht) habillée de façon très classique et arborant un petit chapeau à plume très bavarois, qui, larguée par son mari, vient s'installer au motel malgré l'hostilité de la patronne. Et puis, et puis elle va se rendre peu à peu utile jusqu'à être le liant entre tous les personnages de l'histoire. Qu'elle s'absente quelque temps et le motel retombe dans son apathie habituelle.

"Bagdad Café" est un film humaniste qui démontre qu'il suffit de pas grand-chose pour créer les liens indispensables à la vie d'une communauté. C'est surtout un film sur la tolérance car voici un bel exemple de "melting pot". Mais c'est quand même, avant tout, le film où rayonne cette actrice peu connue (de moi, en tous cas) Marianne Sägebrecht dans le rôle d'un très beau personnage qui émet une floppée d'ondes positives, partout où elle passe. C'est un film qui me semble bien cocher les cases nécessaires pour intégrer ma liste des films capraesques.


JeanG55
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les films capraesques et Les meilleurs films de 1987

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le 21 juin 2025

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JeanG55

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