Adaptation du roman du même nom de Lawrence Osborne par Edward Berger. Ce réalisateur s'est fait remarquer grâce à Netflix pour qui il a réalisé "A l'Ouest rien de nouveau". "Conclave" a suivi et l'a définitivement fait entrer parmi les réalisateurs qui comptent. Étant passé totalement à côté de ce qui était important dans le roman de Erich Maria Remarque, puis menant précisément la danse des cardinaux dans un conclave manichéen pour finir sur une apothéose grotesque, pour ce nouveau film pas de sujet grave, lourd ou retentissant. Il peut s'adonner à ce qu'il sait faire le mieux: faire des images jolies.
C'est quasiment un film à personnage unique interprété par Colin Farrell, toujours aussi intéressant et impeccable dans son jeu. Il campe un joueur, Lord Doyle, qui a l'air au bout du rouleau dont on comprend très vite qu'il est bientôt en fin de course et que sa route n'est qu'une fuite en avant vers une ruine fatidique avec la menace d'un suicide inévitable dans sa situation. Lord Doyle se trouve à Macao, ce qui permet de jouer avec les couleurs et les lumières, lui-même portant des costumes extrêmement colorés chaque soir lorsqu'il va jouer au baccara qui pour lui est le jeu ultime car sur deux cartes on peut tout gagner. Le personnage est filmé comme un drogué, qui hallucine, qui transpire, qui ment et qui ne peut absolument pas se passer du jeu même quand il se rend compte que ça le mène à sa perte. Un ultimatum de l'hôtel de luxe dans lequel il séjourne l'oblige à se refaire obligatoirement en trois jours pour payer toutes ses dettes. Nous sommes donc dans ce moment où il n'a plus d'autre choix que de gagner alors que la malchance le poursuit.
Deux femmes apparaissent dans le Tableau: une Britannique jouée par Tilda Swinton qui a l'air de suivre ce Lord avec intérêt.
Elle a en fait été embauché pour le pister car des Britanniques ont été floués par ce soi-disant Lord et voudraient mettre la main sur lui.
Et une asiatique locale qui se reconnaît dans ce joueur. Elle le prend en pitié et est décidée à l'aider. Une attraction réciproque s'installe entre eux.
L'histoire finit sur un twist surnaturel qui ne surprendra pas grand monde, une rédemption de ce joueur qui comprendra trop tard qu'il peut être heureux sans jouer mais qu'il est peut-être passé à côté de la chance de sa vie.
Le film est assez court, un peu plus d'1h30, le rythme est bon, l'histoire est assez condensée. C'est simplement un divertissement qui se suffit à lui-même et ne viendra alimenter aucune réflexion philosophique ou sociétale ou psychologique. A voir pour l'interprétation de Colin Farrell et les plans colorés qui contrastent avec la noirceur de l'âme de ce joueur compulsif.
Des films de descente aux enfers plus magistraux existent à commencer par Requiem for a dream sorti en 2000. Si vous voulez vous gaver de nuits asiatiques colorées aux néons Only god forgives ou Les anges déchus pourront peut-être vous combler. Ce film m'a souvent rappelé Las Vegas Parano qui n'a pourtant pas grand chose à voir mais qui nous montre des personnages puissamment hallucinés. Et pourquoi pas se mater Le kid de Cincinnati histoire de se mater un classique avec Steve McQueen.