Héhé, c'est quoi cette polémique autour des tétons ? J'ignorais que ça avait fait scandale ! Il faut vraiment être un bouffon de crétin de nerd pour pleurnicher à ce sujet et après aller s'extasier devant les grosses merdes Marvel et DC sorties ces dernières années.
L'intrigue n'est pas super bien ficelée : on trouve quelques facilités narratives malheureuses, on constate encore une fois que Batman est mauvais à cacher son identité (sérieux, trois films, trois fois qu'on découvre qui il est...? et ce reproche vaut pour Burton aussi !), une love story (encore ! arrête de tout ramener à ton cœur, pense à ta bite, nom de Dieu !) et un approfondissement de la psychologie défaillante de Batman trop superficiel (forcément, plus trop le temps de traiter de cette partie pourtant très intéressante, si bien que le dilemme final, on s'en tamponne un peu la raie des fesses). Pour le reste, on trouve du drama, des méchants fort exploités, des situations assez sympas, des scènes d'action riches, de la folie. Les dialogues sont un peu neuneu par moment, mais ça fonctionne bien, c'est marrant. Le côté cruel présent dans les précédents films est ici amoindri, hélas, alors que ça aurait pu être fun de voir des gens mourir dans toutes ces couleurs flashy.
On a reproché un changement de direction. Moi ça me déplaît pas. J'aime le kitsch tant que c'est assumé ; les années 80 n'ont pas le monopole du kitsch, ce film-ci m'a fait marrer comme un Flash Gordon. C'est coloré, c'est vrai, alors que Burton préférait les tons ternes, le noir et le blanc. Pour moi on est passé du gothique au baroque, et le baroque c'est bien aussi. Surtout que Schumacher ne tourne pas le dos aux décors expressionnistes (on a même une belle référence à "Nosferatu") ni aux clairs obscurs (purée, y a de ces éclairages super soignés). Alors quand on dit que c'est un nanar, ce film, je suis pas vraiment d'accord. Certes, beaucoup de décors font carton-plâtre, mais c'était aussi le cas des Burton, et c'est ici autant assumé que dans le 2ème film (le 1er étant nul à chier). Les gadgets ont l'air plus solides, plus pointus, plus métalliques. Les costumes et véhicules ont de la gueule (en termes de couleurs : The Riddler et Double Face se complémente bien ; la tenue de Batman est chouette ; la dernière tunique de The Riddler pour le climax, est très très chouette), ont l'air un peu plus malléables. Mais on sent que c'est limité à cause d'un montage brouillon durant les scènes d'action ou bien du recours à quelques effets pour donner des sensation de rapidité. Schumacher abuse aussi des débullés, au point qu'on en perde un peu le sens (ça devient gratuit). Le réalisateur peine aussi à filmer Carrey par moment, ne rendant pas toujours justice à son bodylanguage. J'aime beaucoup Kilmer mais ici je l'ai trouvé trop mou ; il n'arrive pas à faire rire quand il faut et son jeu monolithique manque de charisme. Et un truc qui m'emmerde dans les Batman, c'est que tous les personnages jouent la même folie : Joker, Catwoman, Double Face, Enigma, ce sont des gros tarés qui font tout et n'importe quoi ; seul Pingouin parvient à se démarquer, avec une personnalité immature et capricieuse qui donne un ton différent à sa mégalomanie. Au niveau de la musique c'est moins marquant que dans les précédents films.
Bref, y a de bonnes choses dans cette adaptation ludique du comic book, mais ce qui est dommage, c'est l'intrigue : si c'est riche en action (on ne s'ennuie pas), le traitement des personnages est trop superficielle (alors que les auteurs ont la bonne idée d'en parler, c'est encore plus sot !).