Si on peut s'attendre, avec un titre aussi racoleur et premier degré, à une baston jouissive et sans prise de tête, une fois dans la salle, on est au début agréablement surpris.
Le film part avec plein de bonnes intentions : développer une nouvelle figure du Chevalier Noir, avec un côté bestial et un penchant sadique et psychopathe (très loin des Batmans de Burton et Nolan) et délivrer un message universaliste sur le rapport entre les Dieux et les Hommes. Même si les métaphores bibliques sont amenées avec la subtilité d'un lance-roquettes (pas aidées par une BO clichée et épuisante de gros tambours et de chants religieux), elles ont le mérite de créer une opposition mythologique entre l'Homme (Batman) qui veut défier le Dieu (Superman), en reprenant le mythe de Prométhée.
Mais premier problème : le Batman de Zack Snyder n'a rien d'un Homme. Il résiste aux balles, aux coups de couteau, aux explosions etc.. Il est invulnérable. L'enjeu du film devient banalement de savoir qui est le plus costaud, entre les deux héros bodybuildés.
S'il en était resté la, BatmanVSuperman aurait été un bon blockbuster régressif qu'on regarde entre potes. Et ça aurait pu être tout à fait honnête. Mais au milieu de tout ça, Zack Snyder essaie également d'introduire WonderWoman (dont l'arc narratif est inutile et n'est là que pour préparer la suite) et ses compères de la Justice League, mais aussi Lex Luthor et DoomsDay, une critique de l'interventionnisme américain, une réflexion sur la démocratie et le terrorisme... Il en ressort une bordel narratif, qui en oublie de développer les bases du film : pourquoi Batman veut latter Superman ? L'explication tient en une ligne "Il pourrait être dangereux, je vais le défoncer de manière préventive." Une opposition qui repose sur un malentendu, c'est un peu léger, même si ensuite, ils ont la bonne idée de discuter (ça aurait pu être un bon début, avant de raser la moitié de la ville) et de s'unir contre les méchants.
En essayant de rattraper son retard sur Marvel, et donc en étant dans la surenchère et la précipitation, BatmanVSuperman fait déjà sauter la moitié du continent dès le deuxième film. Que restera-t-il pour les suivants ?
Tout porte à croire que la saga DC se développe pour de mauvaises raisons : faire du fan service et encaisser les millions. Le film ravira surement les fans, pour les autres, on en ressort avec l'impression d'avoir ingurgité trois Mac Do d'un coup.