L'incarnation diabolique du malaise intersidéral

Quand t'apprends que les ricains vont faire un énième reboot d'une énième série paumée des années 80, t'es pas serein. Quand on te dit que le reboot portera sur Alerte à Malibu, y'a de quoi devenir parano et virer maboule. Et lorsqu'on enfonce le clou en certifiant qu'il sera tenu par Dwayne Johnson, un acteur peu connu pour ses grands films, et Zac Efron, la belle gueule que l'on place dans tous les films d'amour pour adolescente, y'a de quoi faire un massacre.


On ne pouvait donc s'attendre à rien, et même dans cette optique de visionnage, le film demeure mauvais à souhait. Constamment ridicule au point d'en paraître dérisoirement stupide, l'oeuvre de Seth Gordon ( un illustre inconnu dans le paysage néfaste des Yes Man redoutables ) accumule les stéréotypes les plus poussifs et les incohérences les plus fameuses. Baywatch est un film stupide, sans queue ni tête, avec un nombre incroyable de problèmes de raccords entre les scènes, quand le montage ne décide pas d'ajouter des vêtements à certains personnages, qui étaient auparavant torse-nu.


Seulement, le film devait être comme cela : les premières bande-annonces nous vendaient un film stupide, profondément idiot, voire même gras si l'on se contentait d'écouter certaines blagues bien potaches présentes ici ou là. L'on pouvait s'attendre au ton global du film, mais nul n'aurait pu prédire le degrés de nullité de la catastrophe finale.


Tu peux dire que ce sera mauvais, merdique même, mais tu ne peux pas t'attendre au dixième de ce qui va se dérouler dans le film. Profondément inventif sur les plus sordides âneries, Baywatch n'en finit plus de toujours creuser plus en avant dans le what the fuck et le grand n'importe quoi, on point de plus se tourner vers des films à la Sharknado que vers l'Alerte à Malibu originel.


Ridicule et stupide, ce drôle d'étron cinématographique rit généralement à ses dépends, se moque de lui-même, jouant la carte du nanar involontaire quand il n'est qu'un mauvais navet non maîtrisé. Parce qu'on peut faire de la parodie efficace, on peut réussir à se moquer de ce qui a déjà été fait ( inutile de citer les grands du genre, de Wright aux Wayans ), mais rater le coche à ce point, c'est suffisamment rare pour être souligné.


Parce qu'il y a une limite à ne pas franchir dans la parodie : la limite entre le gras et le fin, entre la moquerie et la facilité. Baywatch tombe toujours dans l'excès, ne maîtrise jamais ses vannes, les balance par paires de douze, sans se soucier de qui cela touchera. Problème : le réalisateur tire mal, ratant son public et envoyant son humour se placarder directement contre le mur, sans aucun espoir de réussite.


Il y aura bien quelques petits moments pour rattraper le tout, quelques légers passages de brillance dans cet océan d'obscurité, mais tous ces petits moments de plaisir, aussi rares soient-ils, se retrouvent étouffés par des défauts bien trop présents, majorité de points que je préfèrerai ne jamais aborder.


La mise en scène, le jeu des acteurs, la "direction artistique", l'écriture, le travail de psychologie des personnages, la crédibilité du scénario, les effets-spéciaux numériques, les flammes et la braise sur le bateau, le plagiat de Fast & Furious, le sourire Colgate de The Rock qui n'émerveille plus tellement qu'il nous le fout à toutes les sauces possibles et imaginables, les muscles retouchés de Zac Efron, les femmes qui ne servent qu'à jouer les bimbos, le looser bien laid qui se tape la belle fille parce qu'il faut rassurer le public américain sur la possible libido d'un gamin gavé au coca et au McDo, tout, TOut, TOUT DANS CE FILM EST ABOMINABLE !


MON DIEU QUE C'EST LAID !


Calmos...
Calmos...


Et au milieu de tout ça, The Rock se prend pour le sergent de Full Metal Jacket, à distribuer des ordres à ses troupes, tellement qu'il a même baleine dans son équipe, à s'appeler lieutenant. Manquerait plus qu'il jure fidélité au drapeau américain, et l'on aurait la totale.


En parallèle, on a Zac Efron qui va tripoter la bite d'un macchabée, Baleine ( le looser ) qui se coince la queue entre deux planches en bois, Kelly Rohrbach ( la sous Pamela Anderson du film ) qui fait des références à la longueur de la bite de Baleine, The Rock et Zac Efron qui se demandent ce que font leur couille avant d'attaquer les vilains méchants pas très gentils.


Poétique, n'est pas? Est-ce que ça met mal à l'aise? Assurément.
Le plus beau dans l'histoire, c'est de parvenir à débiter son texte sans avoir honte de ce que l'on raconte. Respect man.


Et si tu parviens à le voir jusqu'au bout, c'est que t'es solide comme un rock.
Drop the mic

FloBerne

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