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Il en a fait du chemin Hosoda, depuis ses débuts en tant qu’animateur sur les séries Dragon Ball Z et Crying Freeman, à ses premières réalisations sur des films Digimon ou One Piece pour la Toei. Dès 2006, avec le touchant La Traversée du Temps, première création indépendante de toute franchise shōnen, il a su poser un univers qu’il continuera de développer et d’enrichir au fil de sa filmographie. A l’amour des ellipses et jeux temporels de ce “premier” long, Summer Wars apporte une animation en image de synthèse qui permet de dépeindre un univers virtuel. Viennent ensuite s’ajouter une touche naturaliste avec Les Enfants Loups, et une dimension féerique avec Le Garçon et la Bête. Enfin, Mirai apporte une touche intimiste à sa palette. Il est important de revenir sur cet ensemble d'œuvres, car Belle en est une synthèse, brassant avec une réussite quasiment complète ces savoir-faire pour délivrer un film qui se fait supérieur à la somme de ses éléments.


Deux styles graphiques cohabitent en harmonie tout au long du métrage, avec une animation CG explosant la rétine pour toutes les scènes se déroulant dans l’univers virtuel de U, et une autre, faite à la main (ou tout du moins y ressemblant), vient accompagner les scènes de vie réelle, donnant corps à une nature faite de rivières à la fois sereines et dangereuses, et figeant des lieux du quotidien dans un moment suspendu hors du temps où tout est possible (le lycée, la station de train…). Le tout est sublimé par un habillage sonore fantastique, des chansons gracieusement interprétées aux bruitages immersifs.


Belle est aussi une conjonction de thématiques, allant de la gestion du deuil à l’affirmation de soi, en passant par la maltraitance, l’altruisme et la place des réseaux sociaux dans la société. Une variété qui aurait put être hasardeuse chez un artiste moins talentueux, mais qui se conjugue avec maestria dans cette nouvelle visite de La Belle et la Bête (il ira même jusqu’à copier un plan de la version Disney), où l’amour n’est pas celui de la sensualité et du désir, mais celui de la conection avec une autre âme en peine. Si le film flirte parfois avec un pathos un peu mièvre, il possède des moments poignants (ce discours sur l’aide, par caméra interposé, m’a humidifié les yeux) ou tout simplement magistraux (la chanson finale, devant une foule impossible) et qui resteront gravés en mémoire.


L’alliance de la narration forte et d’une esthétique époustouflante font de Belle une pièce clé dans la filmographie de Hosoda, une œuvre somme qui donne grand espoir pour la suite de la carrière du bonhomme.


Bonus:


Une interview de 20 minutes de Hosoda, qui parle de la place des baleines et des loups de son imaginaire, de ce que représente pour lui deux personnages qui se tiennent la main: une image plus puissante qu’un baiser et qui transcende la romance. La façon dont Hosoda répond aux questions, comme s’il cherchait lui-même les réponses, laisse penser qu’il ne conscientise pas forcément tout ce qu’il met dans ses films et qu’il part avant tout d’une inspiration émotionnelle plutôt que symbolique ou intellectuelle. Ça le rend d’autant plus attachant tant cela transpire dans ses œuvres.


Créée

le 7 mars 2024

Critique lue 18 fois

Frakkazak

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