Bad Girls ne vaut que pour ses intentions, c’est-à-dire sa représentation d’héroïnes de western évoluant dans un microcosme défini par le machisme et la virilité d’entrejambe, héroïnes qui, en dépit de leur force physique et de leur courage, ne renoncent pas à l’amour des hommes, aussi tourmenté et complexe puisse-t-il être.


Et sur ce point, le long métrage de Jonathan Kaplan aurait pu se montrer digne d’intérêt, si et seulement si il proposait une réflexion véritable sur ce que signifiait être une femme rebelle dans l’Ouest du XIXe siècle, femme et prostituée tout à la fois ; mais plutôt que d’y répondre, il préfère recycler bon nombres de poncifs inhérents au genre, mettant en scène ses personnages comme s’il s’agissait d’hommes traqués par des ennemis. Le danger permanent qui menaçait la femme – les agressions, les viols, la marginalisation de cette créature de Satan qui s’adonne au métier, certes ancien, mais condamné par l’Église – ne transparaît que dans les insultes proférées en veux-tu en voilà aux abords des saloons, là où il aurait dû se faire ressentir en permanence, suivre chacun de ses pas, épier chacun de ses mouvements. Une courte séquence nous montre nos quatre aventurières nues dans un cours d’eau, rappelant précisément l’épisode mythologique de Diane au bain puisque le voyeur est d’abord tenu à l’écart, caché derrière la végétation, avant d’être démasqué ; ce clin d’œil, volontaire ou non, ne débouche pourtant sur rien. On attendait une sanction, un coup d’éclat. Rien.


Et le film de Kaplan est à son image : mettre en place des situations qui ne servent pas, rejouer des postures de western sans disposer de vision dudit genre investi. Ajoutons à cela une réalisation médiocre faite de ralentis inégaux, de recadrages et de zooms guère maîtrisés et fort laids, et nous obtenons un long métrage terriblement vain qui, sous prétexte d’un sujet axé sur le féminin, semble oublier que quarante ans auparavant sortait sur les écrans Johnny Guitar. Une œuvre bien plus moderne que cette série B racoleuse, rehaussée par la partition musicale flamboyante de Jerry Goldsmith.

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le 12 nov. 2020

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