Big Star: Nothing Can Hurt Me (2012) n’est pas qu’un simple hommage nostalgique à un groupe culte méconnu. C’est aussi un bel exercice de forme documentaire, où la technique vient servir un récit éminemment mélancolique. Si je lui attribue la note de 8/10, c’est autant pour son fond que pour la maîtrise de ses choix de mise en scène.
Le montage, fluide mais jamais frénétique, épouse le rythme introspectif du propos. Les réalisateurs Drew DeNicola et Olivia Mori s’appuient sur une structure chronologique souple, parsemée de retours en arrière et d’échos musicaux bien intégrés. L’utilisation d’archives sonores et visuelles est exemplaire : elles ne sont pas là pour combler, mais pour densifier, révéler. Le sound design, en particulier, se démarque : les titres de Big Star ne sont jamais plaqués, ils viennent toujours enrichir ou dialoguer avec les témoignages.
La photographie d’archive a bénéficié d’un soin notable : chaque image semble retravaillée avec une volonté de préservation émotionnelle. Ce traitement donne au film une texture analogique qui renforce sa cohérence esthétique.
On pourra regretter que le film n’aille pas plus loin dans l’analyse musicale – les compositions de Chris Bell et Alex Chilton mériteraient un décryptage harmonique ou structurel. Mais ce choix semble assumé : ici, la technique narrative prime sur la technique musicale.
En somme, Nothing Can Hurt Me réussit à mettre en forme une histoire de silence et d’échec artistique avec des outils de cinéma précis et sensibles. C’est une belle leçon de montage et de narration, au service d’une mémoire à la fois intime et collective.