Bigfoot et les Henderson est un beau film, plein de bons sentiments et de personnages finalement bienveillants dans une société qui pourtant les façonna aux armes et à la lutte à mort entre frères. Ce qui détonne avant tout est le propos antimilitariste certes simplet mais tout de même efficace qui vise à rappeler au chasseur – et à tout homme détenteur d’une arme, soit à chaque Américain – la vacuité de son activité puisque collectionneur de trophées qui sont autant de preuves de sa barbarie. Harry n’est pas l’ami du petit garçon, du moins pas l’ami exclusif, car bien plus en phase avec l’adulte mâle qui troquera sa carabine contre ce gros doudou maladroit rappelant le droit à l’erreur, à la naïveté et à l’imagination ; il insère le doute dans le cœur de l’édifice américain à la virilité triomphante, agit à la manière d’un Edward aux mains d’argent médiatique à la trajectoire plus familiale, aux valeurs plus lourdement appuyées. Le Bigfoot constitue le primat de l’imagination sur la destruction, miroir non de l’animalité de l’homme mais plutôt de son humanité profonde, au-delà des différences. Belle composition musicale bien que réécriture moins fine et moins originale du thème des Gremlins. Bigfoot et les Henderson réinvestit le merveilleux dans un cadre où la guerre l’en avait chassé pour faire tomber les masques adultes et ainsi retrouver, derrière l’armure, un cœur qui bat. On pourra critiquer les facilités innombrables, la tendance à forcer le sentimentalisme. Certes. Mais cette leçon d’humanité, aussi lourde soit-elle, n’a que la pesanteur (et la carrure) de son protagoniste principal. Un grand pas pour l’humanité donc.