Après Amours Chiennes, 21 Grammes et Babbel, le réalisateur mexicain Alejandro González Iñárritu nous entraîne dans le calvaire de Riggan Thomson, ex-star de blockbuster reconverti en metteur en scène d'une pièce de théâtre dans l'espoir de renouer avec sa gloire perdue.
Avec son cinquième film, le cinéaste (fraichement multi oscarisé) pousse l'art cinématographique à un niveau supérieur, en ne se limitant pas seulement aux prouesses techniques, pour nous dévoiler les dessous de l'art dramatique à travers son essence même : le comédien. Pendant près de deux heures la caméra virtuose d'Iñárritu ne rate rien de cette ébullition en nous faisant pénétrer dans les coulisses et les feux de la rampe que l'ex-star hollywoodienne traverse en supportant de plus en plus mal une crise existentielle et artistique.
Au moyen de magistraux longs plans séquences (savamment travaillés pour appuyer la narration), la frontière des lieux et des identités se brouille chez notre "héros" qui, jeté en pâture au public et à la critique, dévore le film de l'intérieur. En effet, dans Birdman la folie paranoïaque de l'acteur déchu semble guider l'action par la remise en cause sa propre raison d'être au détour d'un questionnement intrinsèque entre l'être et le paraître.
Birdman est à la fois une critique et un hymne à la créativité des acteurs, et plus généralement des gens du spectacle, pour échapper à la tristesse et au désespoir devant la fuite du temps et la quête éperdue de reconnaissance.