Critique initialement publiée sur CloneWeb.net


Black Panther a été créé, comme tout un tas de personnages devenus cultes, par Stan Lee et Jack Kirby dans les années 60. Il est le premier super-héros noir de papier, bien avant Luke Cage, le Faucon ou Black Lightning pour ne citer que des héros récemment adaptés pour les écrans. Après une apparition animée en 2006 dans Ultimate Avengers 2, la Panthère Noire (ou Panthèreman comme il fut un temps traduit) a eu enfin droit à sa première version live grâce à l’interprétation de Chadwick Boseman dans Captain America Civil War.


Mais aujourd’hui, Black Panther a droit à son propre film, un film qui s’ouvre sur une très belle scène animée en sable, avec des personnages sortant de la terre, raconté comme un conte africain ancestral. On va suivre alors T’Challa de retour dans son royaume, le Wakanda, un pays technologiquement en avance sur les autres grâce au vibranimum, le métal également utilisé pour concevoir le bouclier de Captain America. Couronné Roi, il doit trouver sa place de souverain tout en assumant son rôle de protecteur sous le masque de Black Panther. La menace du moment sera l’association de deux deux méchants, Ulysses Klaue (Andy Serkis, parfait dans ce rôle de cinglé) déjà vu dans Civil War et qui trafique du vibranium et le Wakandais Killmonger. On n’en dira pas d’avantage.


Ce qui surprend dans Black Panther, c’est son propos. Non pas qu’il soit étonnant de la part de Ryan Coogler, mais plus de la part de Kevin Feige qui a laissé au réalisateur et ses équipes les coudées franches pour faire un film aux accents politiques. Dans une scène se déroulant dans un musée, Killmonger s’apprête à voler une arme d’origine wakandienne. La conservatrice lui explique qu’elle n’est pas à vendre, il lui rappelle alors que ses ancêtres à elle l’ont volée à la population du petit pays africain.
A une époque où il est enfin temps de dégager les préjugés et de traiter les gens sur un pied d’égalité quels que soit le genre ou la couleur de la peau, Black Panther remet les pendules à l’heure et il était grand temps. Certes, le personnage avait été imaginé en son temps par Stan Lee comme un symbole de la culture africaine, mais sa résonance avec l’actualité n’est que renforcée par la présence d’un casting féminin aussi fort que les personnages qu’elles incarnent.
Et les lecteurs de Marvel retiendront en particulier la jeune Letitia, qui incarne la soeur de T’Challa mais aussi une candidate potentielle à la succession d’Iron Man – l’équivalent sur grand écran de Riri Williams jusque dans la tenue.


Au delà du propos inédit pour du Marvel Studios, Black Panther est une ode à la culture africaine. Si l’auteur de ces lignes est bien mal placé pour parler de quelque chose qu’il ne maitrise pas, il faut bien reconnaitre le soin apporté aux décors, la ville principale est un genre de Johannesburg futuriste où se mêlent technologies de pointes et bâtiments anciens, ou à la musique. Le seul point faible vient de quelques incrustations dégueulasses, dont une scène de cérémonie traditionnelle se déroulant en haut d’une cascade et en réalité tournée dans un décor de carton-pâte devant un fond vert.
Ce mélange entre traditions et modernité sera l’autre grande thématique du film. Le Wakanda dispose de richesses incroyables. Mais que faut-il en faire ? Rien et se renfermer sur soi-même comme les ancêtres de Black Panther ? Se révolter contre le monde extérieur, en pensant en particulier à ceux dont les ascendants étaient des esclavagistes, comme veut le faire Killmonger ? Ou s’ouvrir aux autres cultures, aider et partager ? Le choix semble vite fait mais il n’est pas si évident pour les populations wakandiennes.


N’oublions pas pour autant que nous sommes dans un film de super-héros. Il y a donc un méchant, brillamment interprété par Michael B. Jordan et avec de vraies motivations intéressantes et qui n’a que le défaut de ne prendre de l’ampleur que dans la seconde moitié du long-métrage. Il y a donc, aussi, de l’action, beaucoup d’action particulièrement soignée. On retiendra en particulier un (faux et avec des raccords numériques) plan-séquence dans un tripot de jeu qui s’avère mémorable. Trois ans après les combats de Creed, Coogler continue à savoir filmer les fights pour les rendre prenants.


N’oublions pas non plus, malgré l’enthousiasme, que nous sommes devant une production Kevin Feige – avec un cahier des charges à remplir et une suite déjà tournée. Ainsi, le film se terminera sur une scène d’action d’envergure, qui cherche une nouvelle fois à nous en mettre plein la vue tout en en gardant sous le coude pour ne pas dépasser ce qui a été fait avec tous les Avengers ensemble. Ce sont d’ailleurs bien les Vengeurs le problème. La promotion du film ayant démarré, les bandes-annonces ayant circulé, on sait d’avance quel sort est réservé aux personnages tout comme on sait que les évènements de Black Panther n’auront aucune incidence sur la suite. Heureusement que le cycle Marvel se termine avec Infinity War et que les prochains longs devraient nous proposer autre chose parce que le principal défaut de Black Panther vient de son inclusion dans un univers. Peu de surprises, et donc pas autant d’émotions qu’on aurait aimé en avoir.


Néanmoins, Black Panther est une franche réussite. C’est quand Marvel Studios est sérieux qu’il est à son meilleur. Loin des blagues coussin-pêteur à la Thor Ragnorok ou des histoires inintéressantes à la Spider-Man Homecoming, le film de Ryan Coogler est riche en action et dense thématiquement. Et s’il ne vous avait pas si surpris que cela pendant ces 2h15, peut-être que la première scène post-générique, une attaque frontale de T’Challa contre Donald Trump, vous convaincra de l’importance d’un tel film par les temps qui courent.

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le 6 févr. 2018

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